Numéro 81 Patrimoine Industriel

Ce patrimoine industriel franc-comtois a fait l’objet, il y a peu, d’une publication qui fera date : un ouvrage imposant, richement illustré, très précisément informé, qui n’est rien d’autre que la synthèse d’une étude exhaustive entamée il y a quelque quarante ans par le service de l’Inventaire régional ! C’est l’une des études au long cours les plus abouties concernant un territoire de cette ampleur. Sites, outils, techniques, rien n’y a été oublié. Le bois et la sidérurgie y trouvent naturellement leur place, mais également bien d’autres domaines d’activité, comme l’industrie laitière, à laquelle on pense moins évidemment, alors même qu’elle continue à inviter la Franche-Comté sur toutes les bonnes tables !

Aujourd’hui, ce numéro de Patrimoine industriel permet de pousser un peu plus loin encore l’étude de notre service de l’Inventaire, grâce aux travaux des chercheurs et des universitaires qui enrichissent les perspectives au fil des pages qui suivent. De la production de sel à la production d’électricité, d’usine en fruitière ou en atelier, ces articles présentent autant de facettes d’une région qui a toujours été fière de son labeur discret mais opiniâtre, comme de ses aspirations tout à la fois ambitieuses et solidaires. Car si le patrimoine de Franche-Comté est aussi riche et aussi vivant, de nos jours encore, il le doit d’abord – d’évidence – aux habitants de ce beau territoire, ainsi qu’à leurs aïeux. Admirer une forge, un atelier, qu’ils soient en ruine ou en bel état de conservation, c’est immédiatement entendre les apostrophes et éclats de voix, les rires ou les colères de celles et ceux qui travaillaient là, qui y ont passé toute une part de leur vie, qui parfois y ont noué des idylles, ou y ont mené des luttes collectives – il y a tout juste cinquante ans, la grande grève des LIP avait ému la France entière…


De même, chaque outil porte en lui la trace des mains qui l’ont tenu des années durant. Chaque savoir-faire recèle la mémoire des maîtres qui ont
pris le temps de transmettre leur science à leurs élèves. Et c’est probablement là que réside le charme très singulier du patrimoine industriel. Alors que les églises ou les châteaux relèvent du domaine de l’exception, l’industriel est le patrimoine du quotidien, du modeste, du vivant.

 

4 AVANT-PROPOS Marie-Guite DUFAY


6 PATRIMOINE INDUSTRIEL EN FRANCHE-COMTÉ : UNE ÉTUDE AU LONG COURS Géraud BUFFA, Raphaël FAVEREAUX, Laurent POUPARD


46 LES FORGES DE GRANDVILLARS : 350 ANS D’HISTOIRE INDUSTRIELLE Michel ESTIENNE


54 L'HORLOGERIE EN FRANCHE-COMTÉ Laurent POUPARD


16 L’INDUSTRIALISATION DOUCE RURALE ET MONTAGNARDE Jean-Marc OLIVIER


24 DE LA « MAISON » AU « CHALET » Alain MÉLO


32 HÉRICOURT, HAUT LIEU DE L'INDUSTRIE TEXTILE DU NORD FRANCHE-COMTÉ Claude GILLIOTTE


40 LA SIDÉRURGIE DIRECTE FRANC-COMTOISE (VIII E S. AV. N. È.- XIV E S. DE N. È.), Hervé LAURENT, Sylvie LAURENT-CORSINI, Marion BERRANGER, Marc LEROY


64 VIELLARD-MIGEON & CIE (1996-2023) ENTRE MODERNITÉ ET ATTACHEMENT PATRIMONIAL Pierre LAMARD


74 VIE ET DÉCLIN D’UN SITE INDUSTRIEL ICONIQUE : PEUGEOT À SOCHAUX Robert BELOT


84 L'USINE PEUGEOT DE SOCHAUX EN IMAGES

90 LE PATRIMOINE HYDROÉLECTRIQUE DE LA FRANCHE-COMTÉ Denis VARASCHIN


100 LES MUSÉES DES TECHNIQUES ET CULTURES COMTOISES Thomas CHARENTON

 

108 LE PATRIMOINE TECHNIQUE DANS L'INVENTAIRE DU PATRIMOINE INDUSTRIEL FRANC-COMTOIS Raphaël FAVEREAUX

 

116 SENSIBILISATION À L'HISTOIRE DES TECHNIQUES ET AU PATRIMOINE INDUSTRIEL EN ÉCOLE D'INGÉNIEURS Marina GASNIER


124 LE SEL ET LA MONTRE : LE PATRIMOINE INDUSTRIEL FRANC-COMTOIS AU PRISME DE L’UNESCO Thomas CHARENTON


132 L'ARCHÉOLOGIE INDUSTRIELLE EN FRANCE - PATRIMOINE INDUSTRIEL : RECENSEMENT D'ARTICLES CONCERNANT L'ANCIENNE RÉGION DE FRANCHE-COMTÉ


134 RÉSUMÉS / ABSTRACTS

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6-15
Laurent POUPARD
PI - 81 Patrimoine industriel en Franche-Comté : une étude au long cours - Buffa, Favereaux, Poupard (6-15)
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16-23
Jean-Marc OLIVIER
PI - 81 L'Industrialisation douce rurale et montagnarde - Olivier (16-23)

Cet article revient sur le concept d'industrialisation douce, rurale et montagnarde conçu à partir des industries du haut Jura, et plus particulièrement les trois cycles moréziens : clouterie, horlogerie et lunetterie. Les principaux caractères de ce concept sont rapidement énoncés avant d'en voir l'influence sur l'évolution récente de l'historiographie de la supposée « révolution industrielle » s'inspirant du modèle britannique. Le rôle des « invisibles » – travailleurs et surtout travailleuses à domicile ou en ateliers ruraux – est ici souligné et permet de nuancer considérablement le schéma du factory system triomphant grâce à de vastes usines urbaines, concentrant des ouvriers coupés de leurs racines. Il existe d'autres formes de développement performant de la production en grande quantité d'objets manufacturés, et Morez en constitue l'exemple phare.

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24-31
Alain MÉLO
PI - 81 De la "maison" au "chalet" , industrialisation de l'architecture des fromageries franc-comtoises - Mélo (24-31)

Les premières occurrences des associations d’éleveurs mettant leur lait en commun pour fabriquer un fromage de garde (à pâte pressée cuite) apparaissent au milieu du XIIIe siècle ; ces « fructeries » ressemblaient aux cabanes archéologiques identifiées sur les Monts-Jura. La diffusion rapide du modèle entrepreneurial au XVII e siècle et le système du « tour », fabrication du fromage à tour de rôle dans chacun des domiciles des sociétaires, impliqua l’exploitation de la maison rurale familiale. Au XVIII e siècle, l’architecture des chalets d’alpage évoluait sous l’influence capitale des fromagers suisses. Elle inspira toutes les sociétés d’éleveurs qui investirent de plus en plus dans un édifice dédié, réduit à une « chambre à lait », une cuisine et une cave, et à l’architecture dérivée de la maison rurale.
 

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32-39
Claude GILLIOTTE
PI - 81 Héricourt, haut lieu de l'industrie textile du Nord Franche-Comté - Gilliotte (32-39)

À la faveur des innovations techniques introduites par la révolution industrielle, l’industrie textile héricourtoise connaît une croissance effrénée avant de décliner à partir du milieu des années 1950. Les usines ferment les unes après les autres. Les friches qui en résultent sont résorbées pour laisser place à des équipements publics, des commerces de proximité et des logements. Deux sites industriels ont échappé aux démolitions, celui du Pâquis, où une manufacture Hermès est installée depuis 2015 et, tout proche d’Héricourt, celui de l’usine de Chevret. La cheminée du tissage de la Petite-Pré, un élément significatif de l’ère industrielle, a également été préservée.
 

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40-45
Marc LEROY
PI - 81 La Sidérurgie directe franc-comtoise (VIIIe s. av. n. è. - XIVe s. de n. è.) - Laurent, Laurent-Corsini, Berranger, Leroy (40-45)

En Franche-Comté, les campagnes de prospections archéologiques conduites au cours des dernières décennies ont permis de reconnaître l’emplacement d’environ 200 ateliers de réduction du minerai de fer. Une véritable concentration de sites est connue au sud-ouest de Besançon, dans la zone dite « de Berthelange », tandis que les autres sont isolés et assez largement dispersés. Les analyses radiocarbone ont permis d’en dater quarante-six et de brosser à grands traits l’évolution des activités sidérurgiques anciennes, pour une période comprise entre le VIIIe s. av. n. è. et le XIVe s. de n. è. Ces travaux documentent ainsi l’existence d’une production dans des « bas fourneaux » où une masse de fer hétérogène est produite à l’état solide, sans passer par l’étape de la fonte. L’objet de cet article est de présenter les derniers résultats des recherches, qui modifient substantiellement notre perception de la chronologie de la production du fer dans cette région.

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46-53
Michel ESTIENNE
PI - 81 Les Forges de Grandvillars : 350 ans d'histoire industrielle - Estienne (46-53)

Le site des Forges de Grandvillars, créé en 1673, est l’un des plus anciens de France toujours en activité. Sa pérennité est la conséquence des difficultés auxquelles se sont heurtés ses exploitants successifs, d’abord pour avoir accès au minerai, ensuite pour l’écoulement de leur production : une dynamique permanente de l’innovation a permis d’augmenter régulièrement la valeur ajoutée. On passe ainsi, dès le début du XVIII e siècle, de la grosse forge initiale à la tréfilerie, qui adopte à la veille de la Révolution de nouvelles techniques aptes à la fabrication d’un fil propre à la production industrielle de vis. En 1828, des brevets établis avec l’appui des Arts et Métiers de Châlons permettent de passer à la boulonnerie et d’assurer l’essor du site. Des diversifications, toujours basées sur le travail du fil d’acier, s’opèrent avant la Grande Guerre vers les hameçons, après la Seconde Guerre mondiale vers les baguettes de soudure. La résistance à la mondialisation est permise par le passage de la visserie standard aux fixations de haute technologie pour l’automobile, au sein du groupe LISI. Chacune de ces étapes voit une évolution de la trame bâtie du site, la dernière étape étant une restructuration complète opérée à partir de 2010 par le recours à l’économie mixte, qui assure le maintien de la production industrielle et l’implantation de fonctions tertiaires supérieures dans une commune de 3 000 habitants à l’écart des métropoles.

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54-63
Laurent POUPARD
PI - 81 L'Horlogerie en Franche-Comté - Poupard (54-63)

Franche-Comté terre horlogère : l’expression est doublement juste. Avec d’une part les horloges monumentales et celles de parquet dites « comtoise », « Morbier » ou « Morez » en référence à leur lieu de naissance dans le Haut-Jura au milieu du XVIIe siècle. Avec d’autre part les montres, réveils, compteurs et autres instruments mesurant le temps ou faisant appel à un mouvement d’horlogerie, production marquée par des liens étroits avec la Suisse. L’industrie horlogère est introduite dans le pays de Montbéliard en 1776 par Frédéric Japy, qui vient d’acheter au Locle ses premières machines. Un horloger helvétique, Mégevand, l’introduit à Besançon en 1793, à la demande la Première République, tandis que dans le Haut-Doubs, elle se développe à partir de la deuxième moitié du XVIII e siècle en sous-traitance pour des affaires suisses. Triomphante dans le dernier quart du XIX e siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale dans le pôle horloger le plus important, la zone de Montbéliard, elle y disparaît dans les années 1950. Les deux autres pôles, Besançon et le Haut-Doubs, connaissent un essor sans pareil qui se brise au milieu des années 1970 sur les écueils que sont la mondialisation et l’apparition du quartz. L’activité y subsiste toujours, modestement, avec un renouveau dû à de jeunes entrepreneurs inventifs.

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64-73
Pierre LAMARD
PI - 81 Viellard-Migeon & Cie (1196-2023) entre modernité et attachement patrimonial - Lamard (64-73)

Depuis près de deux siècles, les dirigeants de la société Viellard-Migeon et Cie restent maîtres de leur destin. Ces héritiers d’une lignée de maîtres de forges ont jeté les fondements d’un capitalisme dynastique à la fois attaché à ses racines géographiques et ouvert sur le monde. Cette fidélité au territoire revêt une réalité tangible avec l’omniprésence d’une architecture industrielle du XIXe siècle aujourd’hui mise en valeur par les projets de restauration bâtimentaire et urbanistique. Cette inscription dans le paysage du Sud Territoire, jusque dans le cœur des villages, témoigne d’une double traduction, celle d’un passé manufacturier prospère et celle d’une réalité manufacturière compétitive. Cette logique cohésive de tout un territoire autour de son patrimoine bâtimentaire comme immatériel résulte de la confiance qui s’est instaurée au cours du temps entre toutes les forces vives locales, population industrieuse, acteurs privés comme décideurs publics.

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74-83
Robert BELOT
PI - 81 Vie et déclin d'un site industriel iconique : Peugeot à Sochaux - Belot (74-83)

L’industrie a marqué de son empreinte les paysages, ruraux ou urbain et matériels autant qu’immatériels. Mais à l’heure où l’Anthropocène est stigmatisé, il est devenu difficile aujourd’hui d’avoir une représentation concrète de ce temps héroïque où l’on célébrait l’industrie et son emprise sur l’environnement comme l’épopée du progrès humain.
 

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84-89
PI - 81 L'Usine Peugeot de Sochaux en images (84-89)
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90-99
Denis VARASCHIN
PI - 81 Le Patrimoine hydroélectrtique de la Franche-Comté - Varaschin (90-99)

Si l’histoire de l’électrification de la Franche-Comté est connue par les travaux de Catherine Vuillermot (†), si le patrimoine hérité de l’hydraulique et de l’hydroélectricité a fait depuis plusieurs années l’objet d’un remarquable travail de recension et d’étude par les services régionaux de l’Inventaire, si Raphaël Favereaux et Laurent Poupard ont consacré un chapitre au sujet dans leur ouvrage récemment paru, pour autant les nombreuses et significatives traces matérielles conservées peinent encore à trouver leur reconnaissance dans le patrimoine régional et national.
 

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100-107
Thomas CHARENTON
PI - 81 Les Musées des techniques et cultures comtoises - Charenton (100-107)

La Franche-Comté a été le théâtre pendant une quarantaine d’années, de 1978 à 2018, du déploiement des Musées des techniques et cultures comtoises, une structure de conservation et de mise en valeur du patrimoine industriel qui a constitué une initiative unique au plan national. Malgré sa disparition soudaine à la fin des années 2010, ce réseau a laissé un héritage majeur dans le domaine de la connaissance patrimoniale ainsi qu’une trace tangible dans le paysage touristique et culturel du territoire, grâce à l’éclosion d’une génération de plusieurs musées destinés à valoriser les branches majeures du patrimoine industriel comtois.

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108-115
Raphaël FAVEREAUX
PI - 81 Le Patrimoine technique dans l'Inventaire du patrimoine industriel franc-comtois, Favereaux (108-115)

Compte tenu de ses caractéristiques (taille, encombrement, poids), le patrimoine technique pose intrinsèquement la question de sa nature « mobilière ». Les équipements de production et de transformation de la matière constituent un aspect central du patrimoine industriel, donnant aux ateliers leur fonction, donc leur sens. Leur conservation est donc étroitement liée à celle des bâtiments qui les abritent. La désindustrialisation a été fatale tant pour le patrimoine immobilier que pour les équipements techniques, qui ont très fréquemment été revendus ou ferraillés. Rares sont les cas où le matériel a pu être transmis, a fortiori in situ. En Franche-Comté, le maintien tardif de certaines activités, parmi lesquelles dominent la meunerie et la métallurgie, a parfois permis le maintien sur place du matériel (taillanderie de Nans-sous-Sainte-Anne, saline de Salins-les-Bains), mais l’intérêt manifeste pour ce patrimoine n’a pas toujours suffi à éviter leur disparition (forge Clément à Corravillers). En outre, leur présentation au public pose des questions spécifiques de médiation, donc des moyens nécessaires pour expliciter leurs actions et leurs fonctions.

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116-123
Marina GASNIER
PI - 81 Sensibilisation à l'histoire des techniques et au patrimoine industriel en école d'ingénieurs - Gasnier (116-123)

L’Université de technologie de Belfort-Montbéliard ambitionne de former des ingénieurs à la fois humanistes et technologues. Pour ce faire l’élève ingénieur est amené, à travers les sciences humaines et sociales, à appréhender la technologie de la conception aux utilisateurs, en passant par les objets et autres artefacts qui marquent encore notre paysage.
 

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124-131
Thomas CHARENTON
PI - 81 Le Sel et la montre : le patrimoine industriel franc-comtois au prisme de l'UNESCO - Charenton (124-131)

La Franche-Comté possède un patrimoine industriel majeur, qui a bénéficié dans les dernières années d’une attention forte. L’inscription par l’UNESCO des deux salines de Salins-les-Bains et d’Arc-et-Senans sur la liste du patrimoine mondial en 2009, et plus récemment la reconnaissance des savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art, au titre du patrimoine immatériel de l’humanité en 2020, entérinent la place singulière qu’occupe la région dans le paysage patrimonial français.

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