Lauréats du Prix CILAC 2023

Céramiques Carré
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photo Prix CILAC 2023
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Poster Boisset_Prix CILAC 2023
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Poster Franz_Prix CILAC 2023
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Poster Paillaux_Prix encouragement CILAC 2023
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Poster Cougnoux_Prix encouragement CILAC 2023

Prix CILAC/Jeunes chercheurs et chercheuses en patrimoine industriel 2023

Avec le soutien de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale

Afin d’encourager la recherche et la valorisation du patrimoine industriel ainsi que les initiatives innovantes des étudiant.es dans ce domaine, le CILAC a décerné, vendredi 1er décembre 2023, le Prix CILAC Jeunes chercheurs et chercheuses. Pour sa onzième édition, le jury a apprécié la très grande qualité des dossiers et l’aisance orale des candidat.es. Dans des approches très variées, l’ensemble contribue significativement à la connaissance et à la mise en valeur du patrimoine industriel, technique ou scientifique.

Sur un ensemble de 17 dossiers, 7 candidat.es ont été retenu.es pour une présentation orale. A l’issue des délibérations, le jury a, exceptionnellement, décidé de récompenser 4 candidat.es.  Les prix ont été remis par Olivier Mousson, président de la SEIN.

Le prix CILAC Jeunes chercheurs et chercheuses en patrimoine industriel 2023, d’un montant de 500 €, a été décerné à :  

  • Julien BOISSET, ENSAP Lille : Des surfaces en mouvement, le savoir-faire des Établissements Carré illustré dans les céramiques relief ISLO
  • Hannah FRANZ, Université Gustave Eiffel : Vers une approche intégrée pour l'évaluation des structures existantes : étude des poutres treillis rivetées dans les halles de gare françaises de 1850-1930

Deux prix d’encouragement, d’un montant de 300 €, ont été décernés à :

  • Eve PAILLAUX, Université Paris 1 : Conservation-restauration d'un fragment d'aile de Spitfire MK. VII
  • Eva COUGNOUX, Université Paris Cité : Le réseau hydraulique du domaine de Courances à l'époque moderne 

Présentation des projets

Julien BOISSET, ENSAP Lille : Des surfaces en mouvement, le savoir-faire des Établissements Carré illustré dans les céramiques relief ISLO

L’histoire des Établissements Carré commence en 1888 quand Ernest Carré souhaite développer à Paris le négoce de la chaux à bâtir et des carreaux céramiques, faïences et terres cuites. Jean-Michel Carré, dans les années 1950, spécialise l’activité dans la fabrication de carreaux haut de gamme et sur-mesure. En 1979, il rachète l’usine de Ferrières-en-Bray avec l’objectif de maîtriser toute la procédure des céramiques décorées haut de gamme, de la création à la commercialisation en passant par la fabrication. Après avoir fait appel à de nombreux designers, Carré s’allie avec l’Œuf Centre d’Études, fondé par Jean Piantanida, spécialisé dans l’abstraction géométrique et le cinétisme. Il développe alors un nouveau produit à disposition des prescripteurs : la céramique relief, à même de rendre le mur « vivant ». La collection ISLO, née de cette collaboration, présente de nombreux aspects captivants tant sur le plan esthétique, que sur sa durabilité dans le temps, par ses aspects techniques et ses possibilités de personnalisation et de jeux de construction. Elle est pourtant très peu connue, si ce n’est inconnue, du grand public. Les carreaux participent à la qualité architecturale d’un bâtiment et d’une époque, et paraîssent aujourd’hui plus rares dans les projets contemporains. Ce sont à l’évidence des objets précieux, symboles d’une association entre un fournisseur fabricant de céramiques et un groupe multidisciplinaire composé de divers talents.

Hannah FRANZ, Université Gustave Eiffel : Vers une approche intégrée pour l'évaluation des structures existantes : étude des poutres treillis rivetées dans les halles de gare françaises de 1850-1930

Les charpentes métalliques du 19e et début du 20e siècle (halles industrielles, halles de gare, de marché, etc.) constituent une importante ressource pour des projets de rénovation, réhabilitation ou réemploi. Préserver ces charpentes, en conservant ou en adaptant leur usage, répond à des enjeux économiques, écologiques et patrimoniaux. La valeur patrimoniale des constructions métalliques anciennes repose fortement sur la valeur technique de leur structure. Cependant, ce sont souvent des décisions architecturales qui priment lors de rénovations ou de réhabilitations. Or, une structure existante gagne à ne pas être considérée comme une structure isolée, mais comme appartenant à une famille de structures que rassemblent un matériau, une typologie, un détail constructif, un concepteur, etc. Il est important que les ingénieurs se nourrissent des méthodes d’inventaire propres aux expertises patrimoniales pour considérer une structure à recalculer avec plus de recul. Réciproquement, les orientations du projet de rénovation doivent intégrer la préservation de la structure, en consultant les ingénieurs sur ce qui fait sa spécificité. Afin de démontrer l’intérêt de cette approche, le projet mené dans le cadre du doctorat repose sur une étude de cas : les poutres treillis rivetées dans les halles de gare françaises de 1850-1930, avec un riche corpus d’étude d’environ 90 cas. Une vingtaine de rénovations, réalisées depuis 2005, ont conduit à renforcer les poutres existantes. Quelle est la pertinence de ces renforts ? Un inventaire photographique, appuyé si possible par des plans de charpente, a été réalisé pour caractériser la famille constituée par les poutres treillis. Cette étude préliminaire a permis de légitimer une étude approfondie visant à remettre en question les renforts mis en œuvre sur les poutres treillis. Comprendre l’impact des renforts sur l’authenticité structurelle pourrait permettre d’influencer des choix de rénovation en amont du projet, concernant les matériaux et systèmes de couverture par exemple.

Deux prix d’encouragement décernés à

Eve PAILLAUX, Université Paris 1 : Conservation-restauration d'un fragment d'aile de Spitfire MK. VII

Historiquement, le Spitfire Mk. VII est un modèle de chasseur de la Seconde Guerre mondiale adapté au vol en haute altitude. Produit en faible quantité et abandonné rapidement du fait de la menace moindre à cette hauteur, il constitue un témoignage de l’évolution rapide et innovante de ces avions de guerre mythiques. L’objet de cette recherche est un bord d’attaque d’aile tribord d’un Spitfire Mk. VII du numéro de série MB887. A la demande de la mairie de Binic, dans les Côtes d’Armor, un projet de valorisation a permis d’approfondir la connaissance historique de l’objet et d’en stabiliser la conservation. L’avion a été porté disparu le 1er juin 1944, avec à son bord l’officier australien James Atkinson, au large de Saint-Brieuc, lors d’une opération de neutralisation d’un train de marchandises. Le fragment d’aile a passé 40 ans en milieu sous-marin avant d’être repêché par un chalutier dans les années 1980, puis d’être stocké en extérieur. L’objet est indissociable en tant que témoin matériel de la documentation photographique, militaire et biographique retrouvée. Le profilé elliptique de l’aile, qui est un détail technologique, s’ajoute à la dimension esthétique de l’objet. Issus d’un contexte marquant, l’aspect authentique, l’histoire matérielle et mémorielle en font un objet singulier à préserver, indispensable à l’élaboration d’un plan de conservation-restauration. Le renfort des structures et le nettoyage ont permis de rendre lisibilité et stabilité de l’aile, des piliers essentiels de la conservation-restauration.

Eva COUGNOUX, Université Paris Cité : Le réseau hydraulique du domaine de Courances à l'époque moderne 

Situé à une soixantaine de kilomètres au sud de Paris et à une vingtaine de kilomètres de Fontainebleau, le domaine de Courances (91) comporte un parc réputé depuis le XVIIe s. pour la quantité et la qualité de ses eaux. Demeure de plaisance de la noblesse de robe, ce lieu, particulièrement apprécié, a vu une volonté de se démarquer à la fois dans l’aménagement du parc mais aussi dans le choix des bassins. Installé sur des gâtines, terres impropres à la culture, et sur une zone humide, le jardin d’agrément comportait différents aménagements hydrauliques installés du XVIe siècle au XVIIIe siècle, afin de mettre l’eau au centre des compositions. Le travail de recherche a permis de saisir comment les propriétaires ont fait des choix techniques innovants, avec des influences réciproques et en dialogue avec le château de Fontainebleau. L‘agencement technique impressionne par son ingeniosité et son efficacité, à une période où aucun dispositif mécanique n’est installé.

Composition du jury :

  • Marie-Françoise GRIBET, Professeur des universités émérite, Présidente

  • Géraud BUFFA, Conservateur du Patrimoine

  • Anne-Laure CARRÉ–COURSARIS, Musée des Arts et métiers

  • Jean-Louis KEROUANTON, Maître de conférences, Vice-président de l’Université de Nantes

  • Jean-Bernard CREMNITZER, Architecte

  • Florence HACHEZ-LEROY, Maîtresse de conférences HDR, Université d’Artois, Présidente du CILAC

  • Arthur METTETAL, Historien

  • Nicolas PIERROT, Conservateur en chef du Patrimoine, vice-président de la Commission histoire de la SEIN

  • Paul SMITH, Historien, Secrétaire général du CILAC

Renseignements auprès de Paul Smith, secrétaire général du CILAC, cilac@cilac.com