Afin d’encourager la recherche et la valorisation du patrimoine industriel ainsi que les initiatives innovantes des étudiants dans ce domaine, le CILAC a décerné, vendredi 24 janvier, le Prix CILAC Jeune chercheur. Pour sa neuvième édition, le jury a apprécié la grande qualité des dossiers et l’aisance orale des candidates. Dans des approches très variées, toutes contribuent à la connaissance et la mise en valeur du patrimoine industriel, technique ou scientifique.
Deux candidates ont été distinguées : Elsa Valentin de l’ENSAP de Rouen et Helen Rawsthorne de l’Université de Bretagne Occidentale, à Brest.
Elsa VALENTIN, Les ateliers mécaniques à la Seyne-sur-Mer (Var) ; régénération d’un site industrialo-portuaire en milieu urbain
Projet de fin d’étude pour valider un master 2, cette reconversion cherche à sauver et à réutiliser l’un des bâtiments survivants des chantiers navals de la Seyne-sur-Mer, fermés en 1989. On y connaît l’étonnant pont levant ferroviaire de 1917, protégé au titre des Monuments historiques et transformé de nos jours en belvédère. Longs de 127 m et comportant trois halles, les ateliers mécaniques érigés en 1906 (puis agrandis et renforcés après la Deuxième Guerre mondiale), sont conçus à l’origine pour la construction de turbines à vapeur pour la marine de guerre. Avec leurs murs presque aveugles hourdis de briques et leurs toits hybrides à fermes triangulées et à sheds, ces ateliers présentent une grande orginalité formelle. En imaginant un programme qui correspond à la fois aux besoins contemporains de la ville et à la sauvegarde de la mémoire industrielle – un musée de la navale et un cinéma –, le projet de reconversion réussit à conserver les qualités spatiales des halles, ainsi que les ponts roulants qui en ordonnent leur structure. À l’entrée du cinéma, de grandes plaques en tole d’acier pré-rouillé évoquent à la fois le travail de l’artiste Richard Serra et l’activité historique de la construction navale...
Helen RAWSTHORNE, Une analyse historique des machines à prévoir les marées par une approche prosopographique adaptée et des outils en humanités numériques
Les machines à prévoir les marées – ‘tide prediction machines’ –, sont des ordinateurs analogiques developpés à partir des années 1870 sous la pression conjointe des marines marchandes, des constructeurs de ports et des ingénieurs concernés par les risques d’inondations. Certaines de ces machines sont restées en usage jusqu’à une date récente. Construites pour la plupart au Royaume Uni, on en connaît 33 aujourd’hui, conservées pour la grande majorité par des musées (ou, du moins, dans les réserves de ceux-ci). Helen Rawsthorne, diplômée de physique à l’Université de Bristol, examine ce corpus en appliquant une démarche prosopographique appropriée aux cycles de vie de ces artefacts, de leur conception à leur mise en patrimonialisation. Les humanités numériques interviennent dans la collecte, l’analyse et la visualisation des données puis, un jour peut-être, dans la conception d’un modèle 3D d’une de ces machines, imprimable à distance.