Journées d’étude : Habiter l’usine (1770-2000) = appel à communication

Il s’agit donc de revenir sur le logement ouvrier au fil du grand mouvement d’industrialisation rurale qui court des années 1770 à la fin du 20ème siècle, et donc essentiellement à la campagne, tant en France qu’en Europe, voire au-delà.

Si les aspects architecturaux en sont relativement bien connus – « casernes », courées, cités ouvrières, etc… –, usines-pensionnats et bâtiments annexes des proto-fabriques ont été assez peu étudiés, exception faite de quelques monographies. A-t-on épuisé la typologie des logements ouvriers ? La pluri-activité refoule-t-elle le logement ouvrier dans les formes habituelles de l’habitat rural, ou celles-ci subissent-elles des adaptations ? Le logement ouvrier donne à voir, et donc à observer, des politiques et des pratiques paternalistes, des modalités de recrutement, des formes d’organisation de la vie familiale et, bien sûr, toute une sociabilité ouvrière, etc …

Ces journées d’étude permettront aussi de revenir sur trois problématiques plus spécifiques :

- Dans les stratégies de recrutement de la main-d’œuvre, quelle est la place faite au logement ouvrier ? L’usine-pensionnat et l’usine-couvent sont-elles propres à la ruralisation que connaît la nébuleuse du travail de la soie à partir des années 1830, ou sont-elles adoptées dans d’autres secteurs que l’activité textile et dans d’autres régions ? Constituent-elles le fleuron du paternalisme ou coexistent-elles avec d’autres modalités de logement de la main-d’œuvre, et selon quelle périodisation ?

- Comment s’organise la vie ouvrière au sein de l’usine-pensionnat ? Celle-ci est-elle aussi un lieu de formation professionnelle, voire d’instruction religieuse ou de formation générale ? Quelle y est la place des loisirs, de la promenade à la lecture et au cinéma ou aux sorties non autorisées ? Combien d’années y séjourne-t-on ? Est-elle un lieu d’intégration pour la main-d’œuvre d’origine étrangère pendant l’entre-deux-guerres, par exemple ? Autant de questions qui impliquent, entre autres, la reconstitution des trajectoires professionnelles et familiales.

- Il convient enfin de mettre en œuvre une étude relationnelle du genre. L’usine-pensionnat est-elle toujours destinée aux jeunes filles ? Peut-on la comparer au logement sur place des apprentis dans tel ou tel atelier ? Est-elle un univers entièrement clos ? Quels rapports entretient-elle avec l’usine, avec la main-d’œuvre masculine et avec le village ?

Cet appel à communication s’adresse ainsi aux chercheurs de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sans exception : histoire, histoire de l’art, archéologie industrielle, ethnologie, anthropologie, sociologie, géographie et aménagement – avec une mention particulière pour les architectes qui pourraient être intéressés.

Les journées d’étude se dérouleront à Jujurieux au centre culturel Claude-Joseph Bonnet, dans l’ancienne chapelle des soieries Bonnet, reconvertie en espace culturel, avec une confortable salle de conférences. Une visite du site et la découverte des collections départementales liées à l’usine-pensionnat sera organisée à l’intention des participants.

La commune de Jujurieux (2074 habitants) est située à 23 km de Bourg-en-Bresse (Ain, gare TGV en centre-ville) et à 13 km d’Ambérieu en Bugey (gare TER en centre ville, liaisons régulières avec Lyon-Part-Dieu et Lyon-Perrache). Elle est accessible par l’autoroute A 42 (sortie Pont-d’Ain, à 6 km de Jujurieux. Des navettes entre Jujurieux, Ambérieu et Bourg en Bresse seront organisées jusqu’au lieu du colloque pour faciliter les déplacements et l’hébergement de chacun.

L’organisation de l’hébergement et des transports sera prise en charge par les organisateurs des journées.

Comité scientifique et de pilotage

Claude-Isabelle BRELOT, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Lyon 2, LER (Laboratoire d’études rurales, EA 3728)

Delphine CANO, conservateur départemental des musées de l’Ain

Florence CHARPIGNY, historienne, ingénieur d’études, LARHRA (Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, UMR 5190)

Marina CHAULIAC, conseillère pour l’ethnologie, DRAC Rhône-Alpes

Nathalie FORON-DAUPHIN, responsable de la mission départementale d’inventaire et de valorisation des Soieries Bonnet

Myriam MATIC, assistante pour la mission des Soieries Bonnet

Henri PANSU, historien des Soieries Bonnet

François PORTET, ethnologue, LER (Laboratoire d’études rurales, EA 3728)

Aude ROYET, doctorante en histoire, LER (thèse en cours après deux mémoires de master)

 

Organisateurs :

Conseil général de l’Ain / Conservation des musées de l’Ain et mission départementale des Soieries Bonnet, Jujurieux

avec le concours de :

la DRAC Rhône-Alpes

du LARHRA (Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, UMR 5190)

et du LER (Laboratoire d’études rurales, EA 3728) 

Ces journées d’étude sont organisées dans le cadre du programme de recherches sur la mémoire ouvrière développé autour du fonds départemental des Soieries Bonnet, acquis par le Conseil général de l’Ain en 2001.

www.ain.fr/collectionsbonnetjujurieux

 

 

Collections départementales des Musées de l’Ain/ Fonds des Soieries Bonnet. Inv J2002.01.1418