Edition d'un hors-série de la revue Fontes (Association pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine métallurgique haut-marnais) consacré à l'histoire de la société du Val d'Osne ;
Edition numérique (pdf) pouvant être acheté en ligne sur le site de www.fontesdart.org : 61 pages ; 10 euros.
(photo Pau Smith - cliquez sur les vignettes pour agrandir les images)
Les participants au voyage de juin 2011 organisé par le Cilac en terre de fonte d'art (Haute-Marne et Meuse) n'ont pas manqué d'être impressionné par l'état des ruines de ce qui fut la plus belle fonderie de fonte de fer, planifiée en 1836 par J- V André, fondateur de la fonderie du Val d'Osne qui a duré jusqu'en 1986 après avoir été reprise par son concurrent (et voisin) Durenne. A voir les hauts-fourneaux aux intempéries, on ne peut plus soupçonner la rationalité qui avait été voulue pour produire à prix bas la fonte d'ornement, alors en émergence, et que le Val d'Osne va porter à son plus haut niveau, en France et dans le monde entier.
Avec le numéro 83 de la revue Fontes, Georges Rosenberger a achevé la rédaction de son étude sur la fonderie du Val d'Osne : ce texte était important et il a donc été publié en trois numéros. Pour faciliter le travail des chercheurs, ces trois articles et celui sur le siège du Val d'Osne, boulevard Voltaire, complexe étonnant de bureaux et de lieux d'exposition accueillant la clientèle, ont été réunis en un document unique.
Pour la première fois, nous avons une vue complète de l'entreprise sous l'angle des hommes, de l'argent, des réussites et des difficultés, ce qui vient rappeler que les fontaines, les statues ne sont pas sorties ex nihilo sans l'audace d'un fondateur, sans la continuité des successeurs, sans le travail des ouvriers... D'autres documents sur le Val d'Osne sont en ligne (d'autres sont en préparation) mais l'approche de G. Rosenberer marque la fin d'un certain flou historique ; l'ASPM est fière d'y avoir contribué et remercie G. Rosenberger.
Pour accéder à la page de commande, cliquez sur ce lien : Fontes hors série " histoire du Val d'Osne"
Enfin une histoire documentée sur une entreprise de légende
Avec Fontes, n° 83, se termine la publication, en trois numéros, de l’ambitieuse recherche menée par Georges Rosenberger, historien, habitué des archives, nationales, départementales, notariales, sur l’une des plus prestigieuses fonderies haut-marnaises… le Val d’Osne.
Ce numéro détaille une histoire qui conduit grosso modo de 1931 (absorption par Durenne) à 1986, date de la fermeture du site. C’est évidemment une période moins flamboyante que celle de la fonte d’art. Pourtant, pendant des décennies, des centaines d’ouvriers ont travaillé pour l’équipement du pays : quelques fontes d’art de temps en temps rappelaient la grande époque, mais les marchés étaient ceux de la pièce industrielle, l’hydraulique…
Ce gros travail est complété par un article plus modeste sur une réalisation prestigieuse en fonte, datée de 1690. L’article rappelle que la fonte d’ornement a eu des origines lointaines : cette rampe d’escalier de l’hôtel Pelletier de Saint-Fargeau (près du musée Carnavalet), toujours en place, équipe un des plus beaux hôtels particuliers du Marais. Produite à Paris (sans qu’on sache par qui), décidée par l’architecte Bullet (un grand de l’époque) elle est la seule de ce type dans un monde dominé par le fer forgé.
---------------------------------------------
Pour la première fois, nous avons un portrait, des dates, des origines familiales : J-P V André qui n’était souvent qu’un nom sur des albums ou des catalogues a pris du relief. Nous avons, par des sources juridiques, des précisions sur sa naissance (1790), sa famille, sa première carrière professionnelle comme régisseur ou adjudicataire de la ville de Paris, son décès en 1851 : comment sa veuve et son employé, Barbezat, ont organisé la continuité.
La société a connu différentes phases : expansion, récompenses dans de nombreuses expositions nationales et internationales : son développement est important pendant le XIXe siècle, époque faste de la fonte d’ornement et de la fonte d’art.
L’immeuble du Boulevard Voltaire, bien décrit par son architecte, est un dispositif important de la démarche commerciale de l’entreprise : les bureaux, la direction sont parisiens et sont installés au-dessus d’une grande galerie commerciale au service de la mise en valeur des statues, des fontaines, des fontes d’ornement du Val d’Osne.
Le début du XXe siècle marque la fin d’une époque : la fonte d’ornement est moins à la mode : on lui reproche son côté répétitif, même si la production reste importante. Il n’y a plus, en fonte d’art, que des grandes entreprises : Val d’Osne, Durenne, Tusey… La concentration s’est déjà opérée. Salin et Capitain-Gény ont repris Denonvilliers ; Ducel a vendu son fonds de modèle au Val d’Osne avant de s’arrêter. Les fonderies investissent de plus en plus dans la fonte d’équipement.
Les deux chants du cygne seront les réalisations Guimard à Saint-Dizier et au Val d’Osne d’une part et les monuments aux morts après 1918 d’autre part.
Le Val d’Osne entre dans une nouvelle configuration par le rapprochement avec Durenne en 1931. C’est en fait une absorption par celui qui fut autrefois le challenger du Val d’Osne. L’avenir est à ce prix. Mais, après la guerre de 1939-1945, la place des fonderies, tant à Bar-le-Duc qu’en Haute-Marne n’est plus aussi assurée : il faut investir, il faut rationaliser les outils de production, il faut donc des financements et cette course à la modernisation sera à terme impossible à tenir.
Georges Rosenberger, aidé dans sa recherche par le mémoire d’Alain de Chatellus qui fut un des directeurs de l’entreprise, a pu retrouver des documents d’époque sur la vie de l’entreprise, des rapports des banquiers d’alors qui jettent un regard lucide : ce problème a été plus ou moins celui de toutes les anciennes sociétés venues du XIXe siècle qui ont eu à affronter des évolutions lourdes : techniques, commerciales, humaines…
André est issu de la bourgeoisie (moyenne) parisienne. Il a développé dans cette ville, ses relations. Adjudicataire de la ville de Paris dans les années 1830, il a bien compris que la modernisation des villes, d’abord de Paris, ouvrait un marché colossal.
Il a investi à Osne-le-Val créant en 1836 une fonderie moderne : la plus rationnelle qui soit alors pour abaisser les prix de revient et se placer sur les marchés émergents de la fonte d’ornement.
Mais, produisant en province, avec une main-d’œuvre à la fois experte et moins chère qu’à Paris, il a gardé pour la capitale son service commercial, usant de ses relations, de ses connaissances pour être le premier, le plus renommé, malgré le développement de la concurrence. Le Val d’Osne, ne nous y trompons pas, est une entreprise parisienne avec une usine en province.
Il a su également exporter. Là où d’autres fonderies d’ornement comme Calla, Ducel, Tusey qui l’avaient devancé dans la fonte d’art, n’ont pas osé ou su le faire, ce qui explique que la signature Val d’Osne est présente partout (ou presque) dans le monde.
Il n’a pas été le premier ; le Val d’Osne n’a pas créé la fonte d’art comme le catalogue l’affirme avec un peu (ou beaucoup de vantardise) mais il l’a portée au plus haut niveau de qualité. C’est son titre de gloire. Dès 1851, à la grande exposition de Londres, il était remarqué et récompensé. Dans le cadre des recherches des fontes françaises dans le monde entier, l’ASPM et le Réseau international de la fonte d’art trouvent régulièrement de belles réalisations : la dernière repérée est en Ecosse à Selkirk.
Les quatre articles (les trois de G. Rosenberger et l’article sur le siège Bd Voltaire) ont été réunis dans un numéro hors série, spécial, de Fontes, article disponible en version numérique pdf uniquement.
Des compléments sont en préparation et seront mis en ligne dans les prochaines semaines : notamment le rapport d’études d’un élève-ingénieur de l’école des Mines de Paris au Val d’Osne en 1840.