Revue de presse (l'Union de Reims) : Silos : Et si l'on sortait les silos du silence
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Patrimoine industriel. Historiens et artistes appellent à un regard nouveau sur les édifices agricoles.
Cachez ce silo que je ne saurai voir… Ces monumentaux greniers à grain n'ont pas la cote. On les considère bien souvent comme des verrues dans le paysage rural et urbain. Mais depuis quelques années, des historiens prennent la défense de ces édifices qui sont régulièrement détruits dans l'indifférence voire le soulagement. La rencontre internationale, « Silos : un patrimoine à inventer », organisée en octobre dernier, à Nogent-sur-Seine, a cherché à faire partager et à illustrer la récente prise de conscience de l'intérêt historique et culturel de ces édifices.
Les silos ou « grain elevators » sont apparus aux États-Unis, en Australie, en Russie et en Argentine dès la fin du XIXe. On les voit en France entre les deux guerres.
« La construction de ces édifices est l'expression concrète d'une mesure économique parmi les solutions imaginées alors pour remédier à la crise agricole. Ces mesures consistent, pour résumer, à influencer le cours du blé en interférant sur le jeu de l'offre et de la demande par suppression momentanée d'une certaine quantité de matière », explique l'historien Nicolas Loriette. Ces immeubles plus hauts que les églises des campagnes sont aussi l'expression de l'essor et de la puissance de l'agriculture moderne.
Faut-il conserver les silos qui ne sont plus utilisés aujourd'hui ? Oui, répond Gracia Dorel-Ferré, une historienne axonaise spécialisée dans le patrimoine industriel. « Le silo est devenu un objet d'histoire, il est le seul patrimoine rural du XXe siècle. »
Les silos ne sont, aujourd'hui, pas inventoriés mais les institutions culturelles commencent à s'y intéresser. A Nogent-sur-Seine, un silo a récemment évité la démolition en raison d'un avis défavorable de l'architecte des Bâtiments de France.
Un silo peut être réaménagé en logement ou en équipement culturel. « Ce qui manque, ce n'est pas l'argent, ce sont les idées », déplore Gracia Dorel-Ferré.
Pourquoi détruire pour reconstruire ensuite ? Les silos réhabilités entrent aussi dans une démarche de développement durable.
Dossier Julien Bouillé