Revue de presse : Au musée de la Rubanerie de Comines (B), plongée édifiante dans l'épopée du ruban

Au musée de la Rubanerie de Comines (B), plongée édifiante dans l'épopée du ruban

Ouvert depuis 1985, le musée de la Rubanerie de Comines Belgique est un musée unique en son genre en Europe. Parce que la ville, aussi bien du côté belge que français, fut la capitale mondiale du ruban, mais aussi parce qu'il contient des machines à tisser d'époque en état de fonctionnement. Une exposition dévoile des objets jamais exposés et comment l'industrie du ruban a marqué la population cominoise.

Cette exposition est une proposition du réseau Patrimoines et mémoires des métiers (Proscitec) qui a pour but la promotion des actions de conservation et de mise en valeur du patrimoine des professions et des entreprises du Nord - Pas-de-Calais. Et s'il y a bien un endroit où le patrimoine industriel a été conservé, c'est au musée de la Rubanerie. Basée sur le thème des « quatre éléments », l'exposition permet de découvrir des objets jamais exposés, sortis des réserves ou obtenus grâce à des dons. Comme trois « pleureuses ». « Ce sont des récipients en verre qui contenaient de l'huile qui tombait goutte à goutte sur les systèmes de transmission des machines, indique Olivier Clynckemaille, le conservateur. C'est un don, mais nous avons environ 10 000 objets dans notre réserve. »

Dans la même vitrine, une dizaine de navettes montrent l'évolution des techniques. « Il y en a en bois, en silicone des années soixante, en faïence et en acier », ajoute-t-il. Plus loin, une autre vitrine aborde l'aspect sociologique. Des documents témoignent de la dureté de la vie, de la précarité et des conséquences du métier sur la santé. « Un livret de travail évoque un garçon de 12 ans à qui on délivre un certificat de quasi-indigence pour qu'il puisse travailler. Dans le même temps, l'entreprise délivre un certificat d'étude pour prouver qu'il est bien allé à l'école. Cela montre les conditions difficiles dans lesquelles les familles vivaient au début du XXe siècle. » Plus loin, on découvre les matières utilisées dans l'élaboration du ruban : de la laine en passant par la soie, le polyamide, la cellulose et le plastique. Chaque vitrine est séparée par des tableaux pédagogiques. Ils retracent l'histoire de l'industrie qui a débuté à Comines au... Moyen Âge.

« À la grande époque, entre 1850 et 1918, environ soixante industries fonctionnaient à Comines et autour. Elles employaient près de 1 500 ouvriers, faisaient travailler 3 500 métiers et produisaient 400 millions de mètres de ruban par an. » D'autres tableaux mettent en avant un détail, un savoir-faire auquel on ne prête plus attention, comme la mise en carte Jacquard qui servait à faire les étiquettes. « Comines a tissé pour de grandes marques. La mise en carte Jacquard consistait à dessiner, à la main, sur un carton, le passage de chaque ligne du tissu et à dessiner le logo de la marque. Du vrai travail d'orfèvre... » L'industrie du ruban a périclité dans les années 60 mais Comines a préservé son savoir-faire. « Aujourd'hui encore, il y a une activité dans les produits de luxe ou de pointe avec Fauchille et Alfatex. C'est ici qu'ont été inventés le ruban invisible aux infrarouges et le ruban autogrippant qui ne brûle pas et ne coule pas en cas d'incendie. »

Le musée de la Rubanerie ? À découvrir pour saisir la force de l'industrie textile dans la région.

CÉDRIC GOUT  armentieres@lavoixdunord.fr

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Armentieres/actualite/Secteur_Armentieres/2011/05/15/article_au-musee-de-la-rubanerie-de-comines-b-pl.shtml