Le patrimoine industriel, objet d'un projet sonore
Des élèves du lycée agricole travaillent sur un projet sonore recueillant les témoignages des anciens salariés des entreprises orthéziennes aujourd'hui fermées.
source : Sud-ouest - 25 décembre 2010
http://www.sudouest.fr/2010/12/25/le-patrimoine-industriel-objet-d-un-projet-sonore-275849-4329.php
La Papeterie des gaves, la minoterie Destandau, les ateliers de confection Moncade et Jerdac, la chaudronnerie et tuyauterie d'Aquitaine… Pour certains, ce ne sont que des friches industrielles en attente d'une deuxième vie. D'autres, comme Pascale Elicherigoïty, professeur d'éducation socioculturelle au lycée professionnel agricole, voient au-delà de ces bâtiments ouverts aux quatre vents, et ressentent l'urgence de sauvegarder une mémoire : celle d'un patrimoine industriel qui aujourd'hui n'est plus. « Cela fait deux ou trois ans que je voulais travailler sur cette zone, explique-t-elle. Pour moi, c'est un élément important du patrimoine qui va bientôt disparaître, avec l'arrivée de nouvelles entreprises comme l'enseigne Baobab, et d'autres choses encore. Toute cette mémoire industrielle sera perdue. Pour preuve : tout le monde ici est étonné quand on dit qu'avant il y avait une filière bois à Orthez. Or, ce n'est pas si vieux que ça. »
Aussi, le professeur a décidé de mettre ces entreprises au rideau tiré au cœur d'un projet d'animation et création, mené par la classe de terminale bac pro travaux paysagers. Vingt et un élèves participeront donc à cet « Atelier de confection sonore : mémoires industrielles d'Orthez » (1).
La nécessité d'un hommage
« Le projet consiste à réaliser une création sonore d'une courte durée, sur le thème du patrimoine industriel situé sur la zone en friche, à côté du gave. Il y aura des extraits de témoignages de salariés ayant travaillé dans ces entreprises. Il y avait la nécessité de leur rendre hommage, de leur donner la parole. Les élèves vont vraiment toucher du doigt l'aspect du monde économique. »
D'autres éléments viendront se greffer aux témoignages : éventuellement des extraits musicaux, des commentaires, ou les bruits qui rythmaient la vie de l'entreprise jadis. « C'est très libre ce qu'on en fera, reprend Pascale Elicherigoïty. Cela va évoluer au fur et à mesure. »
La recherche de témoignages s'est déjà avérée fructueuse : « Certains élèves ont de la famille qui a travaillé à la Sapso. La cyberbase d'Orthez nous a également aidés. Elle a fait passer une annonce sur son blog, comme quoi on recherchait des témoins. Il y a eu aussi beaucoup de bouche à oreille. »
Pour pallier aux difficultés logistiques et techniques, les élèves se sont bien entourés : le CDDP prêtera le matériel d'enregistrement. Quant à la partie montage, Pascale Elicherigoïty a fait appel à la compagnie Intérieur nuit, de Bordeaux, spécialisée en audio-théâtre. L'artiste Karina Ketz interviendra pour aider les élèves dans le montage ou encore le choix des sons.
En avril, tout devra être dans la boîte. Le document sonore sera ensuite amené à être diffusé le plus largement possible. « On aimerait qu'il passe sur des radios, glisse Pascale Elicherigoïty. Etienne Mainguet, le directeur du service culturel, nous a déjà proposé de participer aux rencontres « Culture y nature », qui se tiendront en mai prochain au lac du Grècq.
(1) Les financeurs : Conseil régional, Drac, la Draf, le LPA et le Complexe régional d'animation rurale et culturelle (Crarc).