Angoulême
La cheminée du Nil sur la voie de la préservation
Ce soir, le Conseil municipal va demander l'inscription au titre des Monuments historiques de ce vestige industriel.
http://www.sudouest.fr/2010/12/07/la-cheminee-du-nil-sur-la-voie-de-la-preservation-260273-736.php
Elles pointent encore vers le ciel leurs têtes en briques rouges, vestiges d'un patrimoine industriel angoumoisin égaré dans les oubliettes de l'histoire… Repérables de loin, les deux cheminées de l'île Marquet et de l'île du Nil sont indissociables du paysage urbain du quartier de Saint-Cybard. Pourtant, les deux vigies tremblent sur leurs bases et, pour tout dire, si l'on y regarde de près, pencheraient dangereusement.
La fragilité relative de ces éminents monuments phalliques inquiète la municipalité depuis un certain temps. Au point qu'elle a commandé, en 2008, à l'entreprise Rincent BTP de Champniers, un diagnostic sur l'état des cheminées. Cette société avait également pour mission de proposer des solutions techniques afin de permettre à la Cité des Valois de conserver ses deux tourelles de briques rouges.
Une sur deux
« En fonction du rapport, nous nous pencherons sur les solutions à apporter pour les consolidations », nous précisait en 2008, Françoise Coutant, l'adjointe au développement durable, pour qui il était hors de question de démonter les deux jumelles : « Elles représentent une partie de notre histoire. »
Plus de deux ans plus tard, la municipalité d'Angoulême se prépare à demander officiellement, ce soir, l'inscription aux Monuments historiques de la seule cheminée du Nil. L'obtention du classement donnerait la possibilité à la Ville de solliciter des subventions d'État pour la restauration…
Mais alors, pourquoi inscrire une seule cheminée, celle du Nil ? « C'est une question de cohérence par rapport à l'histoire de l'industrie du papier. Cette cheminée en est l'un des derniers signes visibles. La cheminée de l'île Marquet appartenait, elle, à une usine qui fabriquait du plâtre », rapporte Florent Gaillard, le directeur des archives municipales.
Un argument qui laisse Françoise Coutant de marbre : l'adjointe écologiste au maire aurait aimé que les deux cheminées fassent l'objet d'une demande de classement. Elle n'a pas été entendue. « La cheminée de l'île Marquet est toute aussi remarquable que la cheminée du Nil », soutient l'élue qui se demande pourquoi la rénovation de la cheminée de l'île Marquet serait privée de financements supplémentaires potentiels : « Cela fera l'objet d'une question en Conseil municipal. »
Catherine Pérez, adjointe en charge du dossier, répond d'ores et déjà : « La rénovation d'une cheminée coûte cher, entre 100 et 120 000 euros. Nous préférons commencer par en rénover une, celle qui est en cohésion avec l'univers du papier. L'accès à l'autre cheminée a été pour l'instant sécurisé… La cheminée du Nil devra être légèrement raccourcie. Il faudra refaire une ceinture métallique sur l'ensemble du fût. Mais aussi démonter et remonter solidement la tête de cheminée fragilisée. »
Pour mémoire, la cheminée du Nil, qui culmine à une dizaine de mètres de hauteur, faisait partie d'une chaufferie. Elle daterait de la fin du XIXe siècle. Elle a fonctionné quasiment jusqu'à la fin de l'activité de la papeterie en 1972. Laissés à l'abandon, les bâtiments de la papeterie ont été rachetés par la Ville en 1979. Leur réhabilitation pour l'école des Beaux-Arts et le musée du Papier a eu lieu dans les années 1980…
BERTRAND RUIZ