Les machines en procès
Recensé : François Jarrige, Au temps des « tueuses de bras ». Les bris de machines à l’aube de l’ère industrielle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, collection Carnot, 2009, 369 p.
Les violences ouvrières contre les machines sont-elles la manifestation archaïque d’un refus de la modernité ? À rebours d’une histoire mythologique du progrès industriel, François Jarrige montre de manière convaincante que ces émeutes ont permis l’affirmation d’une culture du travail et d’un idéal d’autonomie menacé par l’essor du machinisme.
Le livre de François Jarrige se situe à la croisée des courants de recherche qui ont contribué, ces dernières années, à redessiner l’histoire de la première révolution industrielle. D’une part, la notion de « révolution industrielle » est devenue en soi un objet d’histoire dont on identifie bien maintenant les motifs de la construction, essentiellement politiques, entre dénonciation des méfaits de l’industrie (la vision catastrophiste développée à la suite d’Arnold Toynbee, comme l’a montré David Cannadine) et glorification du machinisme ¬(le discours libéral et radical, que Gareth Stedman Jones a mis en lumière et dont Christine MacLeod a récemment montré le rôle dans le culte de l’inventeur héroïque, dès les années 1820 en Angleterre) [1]. L’intérêt renouvelé pour le luddisme, auquel participe l’étude de François Jarrige, inscrit l’histoire de l’invention technique dans l’histoire politique de la « révolution industrielle » [2]. C’est aussi dans cette logique que l’auteur a contribué à la diffusion du travail de Gareth Stedman Jones en France.
lire la suite du papier de Liliane Pérez sur le site de la Vie des Idées : http://www.laviedesidees.fr/Le-proces-des-machines.html
[08-04-2010]