Appel à communication
L’année 2014 marque la commémoration du centième anniversaire du début de la Première Guerre mondiale. Le Centre Historique Minier de Lewarde a souhaité, à travers sa programmation, prendre part à cet anniversaire. Aussi organisera-t-il entre le 17 et le 19 novembre 2014 un colloque international consacré à l’histoire des relations entre charbon et conflits dans le monde.
Un tel colloque se donne plusieurs objectifs. Il s’agit tout d’abord d’envisager l’histoire sociale, culturelle, politique des conflits, sous un angle original, celui du charbon (son exploitation, ses hommes, ses structures). Bien sûr, le charbon, en tant que ressource énergétique, joue, notamment durant la période contemporaine, un rôle comme enjeu à la fois de la guerre et de la paix (s’approprier les bassins charbonniers), et comme outil (la maîtrise de l’énergie comme élément-clef dans une économie de guerre). Mais il ne s’agit pas ici que de cela.
Le colloque invite aussi à explorer des relations réciproques: le rôle du charbon dans la guerre, tout autant que l’impact des guerres sur la conduite des exploitations charbonnières, sur les sociétés et les populations minières engagées, directement ou indirectement, dans les conflits.
Ce colloque fait par ailleurs le pari du désenclavement, sur le plan chronologique et géographique. Il n’entend pas en effet se limiter au XXe siècle, à la Première Guerre mondiale et à l'Europe. Les propositions pourront également renvoyer à des périodes plus anciennes ou aux différentes aires géographiques concernées par la production charbonnière, de l'Asie aux Amériques. La rencontre organisée par le Centre Historique Minier entend ainsi mettre en œuvre un regard ouvert et multisectoriel qui doit permettre d'enrichir aussi bien l'histoire des sociétés en guerre que la connaissance des mondes charbonniers.
Thématiques proposées
Le charbon, une énergie de guerre
Il s’agira ici de s’interroger sur la place du charbon comme enjeu, direct ou indirect, dans certains conflits mondiaux ou plus localisés. A partir du XIXe siècle notamment, le charbon est en effet une arme essentielle de l’économie de guerre pour la métallurgie et les transports. Dans cette perspective, on pourra explorer ce rôle du charbon comme outil (relocalisation, intensification de la production). Les propositions seraient aussi susceptibles de concerner les influences respectives des actionnaires des sociétés privées et d’un Etat toujours attentif à cette branche industrielle, mais qui exerce sur elle une surveillance renforcée en temps de guerre.
L’impact des conflits sur l’exploitation minière
Les guerres, notamment les guerres contemporaines, qui ont fait du charbon un enjeu, ont simultanément eu un impact sur les conditions de son exploitation, en fonction des
conquêtes, des occupations ou encore des destructions qui ont lieu en particulier lors des dernières phases des conflits et ce dès la fin de l'époque moderne. Les communications pourront donc ici s'interroger sur cet impact, sous différentes facettes: les transformations des techniques et des outils de production, les formes de réorganisation/d’intensification du travail (on sait par exemple que l'occupation allemande lors de la Seconde Guerre mondiale, dans le Nord de la France et ailleurs, pèse lourd, à la fois en matière de retard d'investissement et de surexploitation des hommes), l'influence, dans certains cas, de la reconstruction des exploitations sur leur modernisation ultérieure. Les corpus iconographiques concernant les deux conflits mondiaux pourront aussi ici faire l'objet de communications.
Exploitants, mineurs et population minière dans la guerre
Les membres des sociétés minières se sont bien souvent trouvés en première ligne durant les conflits, en tant que combattants mais aussi en tant que travailleurs ou civils. Il s'agira donc ici de tourner les yeux vers la manière dont ces sociétés réagissent à la guerre,
résistent ou consentent, survivent au quotidien (en particulier lorsqu'il s'agit des femmes et des enfants). On pourra également s'attarder sur la situation particulière des mineurs, souvent affectés sur place et à qui il est enjoint de combattre par leur travail plutôt que par les armes. Il sera possible encore d'aller plus loin en explorant les rapports à la fois symboliques et matériels entre la figure du mineur et celle du soldat. Souvent
associées dans l'imaginaire collectif, ces deux figures peuvent également entretenir des
rapports plus concrets dont la description constitue aussi une piste (l'apport des compétences techniques du mineur au front, les pratiques de commandement des ingénieurs, souvent par ailleurs officiers en temps de guerre, la figure du mineur combattant/résistant dans certains conflits sociaux ).
La place du charbon dans le règlement politique, économique et social des conflits
L’impact des expériences de guerre, et en même temps les enjeux du règlement de la paix exercent une influence sur les mondes du charbon. On pense ici spontanément aux
conséquences des traités (redéfinition des frontières et donc réallocation des ressources charbonnières, question des dommages de guerre) mais ce point n'a pas forcément à être
exclusif. Les sorties de guerre peuvent apporter aussi de nouveaux questionnements, des réorganisations (nationalisation, esquisse de gestion coordonnée de la production, comme en témoigne en Europe la CECA) et de nouveaux mouvements, en particulier dans le domaine des migrations de la main-d'œuvre.
Représentations culturelles des conflits
Pour cette dernière thématique, le point de vue est assez large et peut englober des propositions de nature assez différentes. Il s’agit en somme de s’interroger sur les traces archéologiques, archivistiques, orales, sur les représentations artistiques (photographies,
peintures, cinéma, etc.) liées aux bassins charbonniers en guerre et qui peuvent permettre de mieux connaître ces derniers.
PROPOSITIONS DE COMMUNICATIONS
Les propositions de communications, d’une page environ, comprenant les titres et qualités des auteurs, sont à adresser jusqu’au 19 juin 2014 à:
André DUBUC, Directeur général - Centre historique minier, Fosse Delloye,
BP 30039, 59287 LEWARDE- Courriell: adubuc@chm-lewarde.com
Le comité de pilotage se prononcera à la fin du mois de juin 2014. Les interventions orales seront limitées à 20 minutes. La publication des Actes du colloque sera assurée par le Centre historique minier.
COMITE DE PILOTAGE
Membres de l’équipe scientifique permanente du Centre historique minier
André Dubuc, directeur général
Virginie Debrabant, directrice des archives
Gérard Dumont, professeur agrégé d'histoire, missionné au Centre Historique Minier
Représentants du Conseil scientifique du Centre historique minier
André Brossard, Ancien ingénieur des mines en chef
Marion Fontaine, maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université d'Avignon
Thierry Oudoire, conservateur Musée d'histoire naturelle de Lille
Janine Ponty, professeur d’histoire émérite à l’Université de Franche-Comté
Denis Woronoff, professeur d'histoire émérite à l'Université de Paris I – Panthéon - Sorbonne