Revue de presse : la Poudrerie et ses jeunes chercheurs

jeuneschercheurs Sophie Dublange et Florent Peters vont défendre leur projet à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine à Paris. PHOTO G.T.


 

Sophie Dublange, d'abord, qu'est-ce que le prix Cilac, et comment devient-on lauréate de ce concours ?

Le Cilac, comité d'information et de liaison pour l'archéologie, l'étude et la mise en valeur du patrimoine industriel, est une association à but non lucratif créée en 1979, qui se consacre à la recherche sur le patrimoine industriel, à sa promotion et à sa mise en valeur. Le prix a été créé en 2011 pour faire connaître et soutenir les projets de jeunes chercheurs travaillant sur le patrimoine industriel. Ce que nous avons fait Florent Peters et moi, de juin à septembre à la Poudrerie, sous la houlette de l'association ID Méditerranée et de sa présidente, Carole Koch qui avec le Projet Poudrerie, se bat pour que l'ancienne poudrerie royale, qui a fermé ses portes en 1974, ne soit pas qu'un site naturel.

Comment la Francilienne que vous êtes a-t-elle débarqué à la Poudrerie ?

Assez curieusement, grâce au Canada. Je suis née au Nord de Paris et j'ai passé mon enfance et ma jeunesse en Picardie, dans l'Oise. Puis j'ai choisi l'université de Lyon pour mes études parce qu'elle avait une faculté de Sciences politiques. En 2011, j'ai dû pour mon cursus, aller suivre une année de cours à l'étranger. Je me suis retrouvée en muséologie à Montréal. Là j'ai eu un flash, j'ai compris que c'était ma voie, travailler sur les archives historiques, le patrimoine, naturel et industriel, les musées.

À mon retour en France, j'ai cherché une spécialisation dans ce domaine, j'ai trouvé à Avignon, le master "patrimoines et archives historiques".

C'est là que j'ai rencontré Florent Peters, qui était en seconde année. On s'est croisé à des cours, puis on s'est retrouvés dans l'équipe formée par Carole Koch pour les stages d'été à la Poudrerie. Je me rappelle notre première visite avec Florent, on est immédiatement tombé amoureux de ce site et on a beaucoup parlé des choses qu'on aimerait faire. J'ai animé des ateliers pédagogiques dans une école de Saint-Chamas, c'est là que j'ai compris l'importance du travail à réaliser car pour les enfants, "la Poudrerie c'est un grand parc", alors même que la plupart des familles ont un ancêtre qui a travaillé et parfois est mort pour la poudrerie. J'étais également chargée de l'organisation des conférences, colloques, rapports avec la presse et la population. Puis j'ai travaillé avec Florent sur la préparation des Journées 2013 du patrimoine et tout particulièrement à une exposition qui conjugue le passé et le présent. Le travail des poudriers à partir de documents, photos, exhumés des archives, et le travail des salariés dans l'industrie d'aujourd'hui, à partir de photos réalisées pour ID Méditerranée par une association de photographes amateurs d'Istres.

Le travail de recherche dans les archives a été particulièrement important. Les archives de la Poudrerie, celles des deux communes sur lesquelles s'est construit le site, et les archives privées. Celles des familles qui ont conservé les courriers, les photos, les documents de leurs ancêtres poudriers. Enfin, nous avons constitué un fonds d'archives sonores. Nous avons rencontré les poudriers — plusieurs suivent nos travaux avec attention et enthousiasme — et leurs descendants et nous les avons interrogés. "

Quel avenir pour la Poudrerie ? Que souhaitez-vous qu'elle devienne ? Un musée ?

L'avenir de la Poudrerie, ce sont les politiques qui le décideront. Nous notre travail c'est de sensibiliser les populations, d'alerter sur l'importance de ce site industriel, et de fournir les bases documentaires pour sa pérennisation. Il y avait 250 bâtiments lorsque la poudrerie était en service. Après sa fermeture, en 1974, il y a eu la dépollution, le démantèlement. Aujourd'hui, il en reste une trentaine, en très mauvais état, mais surtout on n'a pas grand-chose sur la façon dont elle fonctionnait. Si on veut reconstituer ne serait-ce qu'un atelier, il nous faut des documents que pour l'instant on n'a pas. Nous devons continuer à travailler sur les archives pour proposer des bases historiques fiables. C'est ce que nous allons expliquer demain aux jurés du prix Cilac.

Comment vous est venue cette idée ?

C'est Carole Koch qui nous l'a suggérée, observant que le projet Poudrerie entrait exactement dans les critères du prix. Il y a une première phase qui consiste à envoyer un poster format A 0, avec schémas, photos, légendes, qui expliquent notre travail. On a été sélectionnés pour la deuxième étape. Une intervention de 15 minutes, suivies des questions des jurés.

Vous croyez en vos chances ?

Bien sûr ! Il y a quatre équipes en piste pour le prix "Jeunes chercheurs" et oui nous avons toutes nos chances. L'important n'est pas tant le montant du prix — 500 euros — que la tribune qu'il nous offre. Notre projet sera en effet présenté dans la revue que le Cilac édite, une revue très appréciée des professionnels du secteur d'activité dans lequel nous souhaitons nous faire notre place, Florent et moi. C'est donc une excellente opportunité, un tremplin ! Aujourd'hui mon rêve serait de trouver un poste de "médiatrice culturelle". C'est la personne qui dans le musée prend en charge les publics, organise les ateliers, anime les visites. Bien sûr que je cherche dans le domaine du patrimoine industriel. Avec Florent ? Ce serait bien car nous avons bien travaillé ensemble sur la Poudrerie. Mais la priorité, c'est d'abord de chercher et trouver un poste.

"Lire l'analyse de Florent Peters dans La Provence Edition Vitrolles-Marignane d'aujourd'hui".

 Colette Auger