Soutenance de thèse à Strasbourg ;

Brouillards mortels : une histoire de la production de météores industriels, 19e/20e siècles - Le cas de la vallée de la Meuse

 
La soutenance aura lieu le 25 novembre 2013 de 13 h à 18 h en salle de la Table Ronde à la MISHA (Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme d’Alsace), Allée du Général Rouvillois, à Strasbourg.
 
Le Jury est composé de : 
Christian Bonah : professeur à l’Université de Strasbourg (directeur)
Soraya Boudia : professeure à l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée (rapporteur)
Geneviève Massard Guilbaud : directrice d’études à l’EHESS
Isabelle Parmentier : professeure à l’Université de Namur (rapporteur)
Jay Rowell : directeur de recherche CNRS à l’Université de Strasbourg (rapporteur)
Jean-Christophe Weber : professeur à l’Université de Strasbourg (directeur)
 
Résumé :
Du 1 au 5 décembre 1930, un brouillard de plus en plus épais se répand dans la vallée de la Meuse, non loin de Liège. Hommes et bêtes souffrent énormément lors de son passage, ils sont nombreux à y laisser leur vie. 
Immédiatement après sa dissipation, des experts tranchent : « le seul brouillard » est responsable. Mais qu’est-ce qu’un brouillard mortel ? Sur place, la population ne se satisfait pas de ces conclusions. Ils sont nombreux à incriminer les émanations des usines de la région, l’une des plus industrialisées d’Europe. À l’étranger, des savants, des gouvernements et des instances internationales veulent en savoir davantage.
Un an plus tard, des experts du parquet rendent d’autres conclusions : la consommation massive du charbon et les composés soufrés des émanations industrielles sont mis en cause. L’exceptionnalité de l’événement est cependant attribuée aux conditions topographiques et météorologiques particulières de cette première semaine de décembre 1930. Comment se produit un brouillard mortel ?
Pour faire l’histoire de ce brouillard, pour « compliquer » ses traductions scientifiques et pour comprendre les diverses réactions qu’il a suscitées, nous avons déplié le réseau vaste et enchevêtré de relations et d’évènements dont il est le condensé. Nous avons suivi la piste des matières de sa constitution, reconstitué leur (a) cheminement et les assemblages  techniques, sociaux, politiques et discursifs -  nécessaires à leur transformation. 
Ainsi, le parcours de notre récit emprunte les voies du charbon et celles des minerais ferreux et non-ferreux ; il suit les résistances à l’implantation des industries dans la région, mais aussi l’élaboration des discours experts qui les déplacent et souvent les neutralisent ; il parcourt et analyse les inquiétudes portées à l’égard de l’apparition des météores de l’industrie (brouillards et pluies acides) ; il s’attache à rendre compte des modes de compréhension développés pour traduire et encadrer les effets des pollutions de l’atmosphère sur les environnements et la santé des populations.  
De cette façon, cette histoire propose de nouvelles perspectives pour comprendre et problématiser l’intrication profonde des changements sociaux, politiques, économiques, sanitaires et environnementaux qui sont trop souvent subsumés sous le vague vocable d’industrialisation.

Alexis Zimmer
Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe (SAGE — UMR 7363)
Département d’histoire des sciences de la vie et de la santé (DHVS)

Université de Strasbourg
4 rue Kirschleger
67 085 Strasbourg Cedex
France

Courriel : alexis.zimmer@unistra.fr