La rotonde ferroviaire de Blois va disparaître

La rotonde ferroviaire, vestige du patrimoine industriel du XIX e  siècle, va disparaître. Une destruction regrettée pour les uns, nécessaire pour les autres.

Pour ce passionné, les rotondes ferroviaires (une soixantaine en France) ont leur place au panthéon du patrimoine architectural, au même titre que les châteaux de la Loire. Il s'est penché studieusement sur leur histoire et a fait de nombreuses recherches sur celle de Blois. « Sa charpente de métal, typique de l'architecture industrielle du XIXe siècle », est une merveille d'ingéniosité pour Nicolas Viault. « Elle couvre quasiment 800 m2 sans poteau, ce qui serait impossible avec une charpente bois, trop lourde. Le bâtiment, qui date de 1891, a été conçu par la compagnie Paris Orléans et construit par Dupou-Imbert, à l'origine de la gare et du pont Gambetta. » Pour lui, même si des travaux sont nécessaires sur la toiture, les murs restent sains et, après réhabilitation, le bâtiment pourrait abriter des projets associatifs. « Pourquoi pas une salle de sports ou un lieu d'exposition avec des activités ? », regrette-t-il. Comme à Château-du-Loir, dans la Sarthe, où « une association ferroviaire s'est emparée du projet, a trouvé des subventions pour la rénovation et faire vivre le lieu ».

" Insalubrité "

A son enthousiasme, la municipalité oppose la voix de la sécurité et de la cohésion du vaste projet gare. « L'îlot ouest a une surface de 7.854 m2, comprenant la rotonde (630 m2) et le réfectoire (362 m2) sur une emprise foncière de 2.156 m2 plus la friche ferroviaire, indique Marie Attard, chargée de projet au service urbanisme de la ville de Blois et Agglopolys. Le bâtiment est en mauvais état, il est fragilisé et présente un risque d'effondrement. Avant que soit délivré le permis de démolir, l'architecte des Bâtiments de France, un représentant de la SEM Trois Vals aménagement (qui a racheté le terrain à RFF, NDLR), et un autre de la Ville se sont rendus sur place. Ils ont constaté l'état d'insalubrité » de la rotonde, « bâtiment intéressant, mais qui n'est pas classé ».
Côté patrimoine, « la passerelle débouchera sur l'îlot ouest, entre les deux anciens réservoirs », également propriété de la SEM, précise Marie Attard. L'objectif est de« dégager le site de toute emprise nécessaire au développement urbain de la gare. Un parking de cent places est prévu, de même que des constructions potentielles sur le site de la rotonde » dont la destination n'est pas encore définie. La reconstruction du CE de la SNCF est également envisagée. Et « au vu de l'ampleur du projet et de son coût », la destruction de la rotonde semble moins onéreuse qu'une réhabilitation. En guise d'ultime consolation, les amoureux du patrimoine pourront se dire que « les plans initiaux de la rotonde ont été récupérés et transmis à l'architecte des Bâtiments de France ».

 (*) Site Internet : http://blois.me


dates-clés

> La rotonde ferroviaire de Blois a vu le jour en 1891. Elle a été laissée à l'abandon quelques années après la destruction du viaduc reliant Vineuil à Blois, bombardé en 1944.

> Le permis de démolir a été déposé par RFF (Réseau ferré de France), alors propriétaire du terrain, le 29 mai 2012. Permis délivré par le maire de Blois le 18 juin 2012 et entériné par le préfet le 31 août 2012.

> RFF a lancé le diagnostic de pollution des sols en juin 2013, pollution aux hydrocarbures essentiellement liée aux activités du site.
> La SEM (société d'économie mixte) Trois Vals aménagement a acquis le site le 5 septembre 2013.
> La rotonde sera démolie le 12 novembre 2013. Les travaux devraient durer un mois et devraient coûter 73.500 € hors taxes. La SEM assumera les travaux de dépollution.

Claire Flouard (Nouvelle République)


Encadré : c'est quoi une rotonde ferroviaire ?

 

Pour les non-initiés, la rotonde ferroviaire de Blois est un bâtiment industriel datant de 1891, construit en arc de cercle. En son centre, à l'extérieur, se trouvait un « pont tournant » auquel les locomotives accédaient par voie ferrée. De là, elles pouvaient être aiguillées à l'intérieur de la rotonde par rail où elles étaient garées. Celle de Blois comptait six entrées et sur les plans, on peut constater que la construction de quatre autres était envisagée. Des travaux de maintenance et de réparation étaient pratiqués sur les engins. Des fosses étaient creusées à cet effet entre les rails (aujourd'hui rebouchées), d'où une pollution aux hydrocarbures.
Le pont tournant de la rotonde ferroviaire de Blois aurait été « démantelé entre 1975 et 1978 », précise Nicolas Viault, se basant sur l'observation de photos aériennes de l'IGN. 

L'article propose une reconstitution de la rotonde de Blois : La charpente de la rotonde en image de synthèse. - (Document Nicolas Viault)

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