France-Culture : village industriel au XIXe siècle

 

Invité(s) : Ophélie Siméon, attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche à l’Université Lyon 2. Thèse en cours : « Les villages ouvriers britanniques : le cas de New Lanark, communauté industrielle ’modèle’ », sous la direction de Neil Davie.

Michel Lallement, sociologue, professeur titulaire de la chaire d'Analyse sociologique du travail, de l'emploi et des organisations au Cnam. Dirige Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Economique (LISE-CNRS).

Thème(s) : Histoire19e sièclevillage

 

 

 

 

 

 


 

Le travail de l'utopie : Godin et le Familistère de Guise

Des logements propres et confortables, des écoles à la pointe de la modernité pédagogique, des loisirs variés, des magasins de proximité, un système de protection sociale contre les accidents de la vie. C'est déjà à partir de 1859, au Familistère de Guise dans l'Aisne, que Jean-Baptiste André Godin bâtit un Palais social, juste aux côtés de son usine d'appareils de chauffage. Rare expérimentation d'inspiration fouriériste qui a su résister au temps, le Familistère est une réponse unique et originale à la question sociale qui tenaille alors une société en voie d'industrialisation. Dans la ruche «familistérienne», la reine porte un nom : solidarité.

Autodidacte frotté de spiritisme, homme politique, journaliste, auteur de multiples ouvrages à visée réformiste, Godin (1817-1888) multiplie les rôles tout au long de sa vie. Mais il est avant tout un manufacturier hors normes, doué d'un sens aigu de l'innovation : ses poêles en fonte sont toujours célèbres aujourd'hui. Godin est aussi un socialiste pacifiste qui s'oppose aux principes du libéralisme. Avec des succès inégaux, il expérimente la démocratie industrielle et promeut l'économie sociale ; féministe, il agit en faveur de l'éducation mixte, du travail des femmes et de la parité dans la gestion des affaires du Familistère.

Michel Lallement, grâce à l'exploitation approfondie des archives du Familistère, restitue la vie de Godin et les principes qui guidèrent son action. Sans jamais séparer l'homme du contexte dans lequel celui-ci pense et agit, cette biographie est aussi celle des principales inventions auxquelles Godin donne vie. En cela, elle éclaire de profil l'histoire du socialisme et des alternatives au libéralisme économique : toutes menées au nom du caractère vital et sacré du travail, les initiatives et propositions de Godin ont connu des fortunes différentes, puisque paradoxalement, ce n'est pas entre les murs de l'usine mais bien plutôt au coeur du Palais social que le travail de l'utopie a porté ses principaux fruits.
-4ème de couverture du livre de Michel Lallement - (date de publication : 10 janvier 2009)