Exposition : Douze siècles d’histoire du sel au musée de Salins-les-Bains

Douze siècles d’histoire du sel au musée de Salins-les-Bains, dans le Jura

http://www.lepays.fr/actualite/2012/08/15/douze-siecles-d-histoire-du-sel-au-musee-de-salins-les-bains-dans-le-jura

 

C’est toute l’histoire de l’or blanc et de ses travailleurs qui est racontée à la Grande saline de Salins-les-Bains. Unique.

Il s’agit là d’un ensemble industriel unique. La Grande saline de Salins extrayait la saumure qui suivait une canalisation de 21 km (le saumoduc) pour être acheminée à partir de 1775 à la saline royale d’Arc-et-Senans, l’usine de traitement. C’est cet ensemble remarquable et la chaîne complète de production du sel ignigène (obtenu par le feu) qui a été retenu en 2009 par l’Unesco.

Depuis le VIII e siècle

Moins connue que celle de Claude-Nicolas Ledoux, la saline de Salins est cependant bien plus ancienne. Et la cité affiche fièrement 1200 ans d’histoire du sel. L’or blanc, comme on l’appelle, a forgé l’économie de la région depuis les légions romaines.C’est au VIII e siècle que l’on commence son exploitation dans la vallée. La grande galerie souterraine, qui abrite encore aujourd’hui les puits et leur machinerie hydraulique, est un exemple unique de patrimoine industriel. Elle a été construite par les moines cisterciens.
 
À 52 marches de la magie
 
Et lorsque l’on passe le portillon, situé en plein milieu de la vaste esplanade herbeuse, on ne se doute pas que, 52 marches plus bas et avec une température de 12° constante, l’univers du sel s’offre encore à nous.Du giau à la pompe hydraulique, en passant par la noria, Salins a utilisé toutes les techniques pour remonter l’eau salée. Jusqu’aux bâtiments aériens (l’actuel Musée du sel, créé en 1968 et rénové en 2009) où l’on visite les immenses séchoirs qui produisaient le sel ignigène (évaporé grâce au feu).Et si aujourd’hui le Musée du sel arbore fièrement une entrée en forme de boîte en alliage auto-patinable de Korten, c’est que bat encore ici le cœur d’une industrie millénaire disparue en 1962, condamnée par le sel de mer plus rentable à extraire. Cependant, le travail dans la saline reposait toujours sur les mêmes gestes. À l’aide d’un râble (un long râteau percé), le tireur récoltait les cristaux de sel au fond des poêles (cycle de production de 15 à 30 jours). Une vraie alchimie entre chaleur et sueur.Au XIX e siècle, pas moins de 600 personnes coupaient le bois de chauffage nécessaire au fonctionnement des fours. Le travail était rude et la vie âpre, comme l’explique un documentaire des derniers sauniers (râbleurs et tireurs) des salines de Montmorot, Salins et Miserey, témoignages poignants sur la vie de la saline et ses ambiances. La dernière a fermé en 1967.En 1958, Salins produisait encore 1 000 tonnes de sel et l’eau résiduelle des cuites servait aux thermes pour les soins (la ville est spécialisée dans les traitements de l’arthrose et des rhumatismes). Et, comme un clin d’œil, à la fin de la visite, on fait toujours goûter l’eau salée : un cru… de 215 millions d’années !
 
Le premier site français

En attendant le nouveau projet scientifique et culturel qui verra le jour autour de la saline et du Musée du sel. Pour Yann Garnache, le directeur du musée, il s’agit là de retrouver toute l’ampleur du site industriel dédié au sel sur plus de deux hectares.« L’idée de montrer au public un tel patrimoine date de 1968, date à laquelle la ville a racheté les bâtiments de l’ancienne saline dont la production s’est arrêtée en 1962. » Et de rêver de retrouver sur le site de l’ancien casino, qui a brûlé en 2007, les bâtiments de la saline. Histoire de présenter dans quelques années l’ensemble de l’ancienne saline, le premier site français relevant du patrimoine industriel inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité. Grande saline et Musée du sel de Salins-les-Bains.

Ouvert de 9 h à 19 h (18 h en septembre). Entrée : 6,50 € et de 3 à 5,50 € en tarifs réduits
 

le 15/08/2012 à 05:00 par Alain Roy