Revue de presse : Vimeu : le passé industriel à l'inventaire
In "Le courrier picard"
Un inventaire du patrimoine industriel du Vimeu et de la vallée de la Bresle est actuellement en cours. Un pas de plus vers la création du parc naturel régional
Tout commence dans les archives des communes, du Département et des entreprises. Dans ces liasses de papier, Romain Grimaut trouve des trésors, les traces d'un passé et des pistes pour dénicher les perles rares qui feront la richesse de son inventaire.
Ce chercheur de 28 ans est chargé de mission pour l'association Projet parc naturel régional Picardie maritime (PNR-PM). Il a pour tâche d'inventorier les édifices témoins de l'activité industrielle (usines, friches, logements ouvriers) du Vimeu et de la vallée de la Bresle.
Licencié en histoire-géographie et titulaire d'un master en valorisation du patrimoine, l'homme est dans son élément.
Le travail, très normé, se déroule par étapes : il faut d'abord étudier les archives et établir une liste des monuments susceptibles d'être d'intérêt. Elle sera ensuite confrontée à la réalité dans une enquête de terrain.
Une sélection inévitable est opérée. «Le tri n'est pas facile. Il faut être représentatif et créer une unicité, sans cloisonnement », précise Romain Grimaut.
Actuellement trois villages servent de «communes test » : Fressenneville, pour son aspect clairement industriel, Vaudricourt pour l'impact faible de l'industrie et Dargnies pour sa taille moyenne. Des publications et expositions permettront enfin de rendre ce travail accessible au public.
Pour progresser sur le terrain, Romain Grimaut s'appuie aussi sur les témoignages des anciens. Les vieilles pierres, en l'occurrence plutôt des briques, n'ont pas l'exclusivité. L'impact social, les effectifs et les mouvements de personnel sont également étudiés.
«Je fais le plus beau métier du monde, s'enthousiasme Romain Grimaut. Quand je commence sur le terrain, je ne sais pas jusqu'où ça va m'emmener ! Je recueille des témoignages que je vérifie. Les habitants sont contents que l'on s'intéresse à la vie d'antan. Il faut se souvenir du passé pour préparer l'avenir ».
Même si les études préalables permettent d'envisager la réalité du terrain, les surprises restent au rendez-vous.
Recenser, étudier, faire connaître
Le but final est de rédiger une carte d'identité du secteur. Plusieurs axes historiques sont définis : les entreprises, point de départ de l'étude, les techniques (la serrurerie et la robinetterie pour le Vimeu, la verrerie et ses implications pour la vallée de la Bresle), et les répercutions sur la population.
Cet atlas doit refléter les évolutions architecturales, le savoir-faire, des communes elles-mêmes. Les bâtiments ne sont que le point de départ. Les particularités émergent naturellement.
«Les communes bénéficieront d'une information et le public de publications. Notre travail peut servir d'appui à l'édifice d'un nouveau plan local d'urbanisme, par exemple. Les communes sont libres d'en faire ce qu'elles veulent, l'outil est à leur disposition », explique Romain Grimaut. Le résultat sera aussi un outil pour la Région.
L'association Projet parc naturel régional Picardie Maritime l'ajoutera à son dossier de labellisation du futur parc. «Nous devons prouver qu'il y a des éléments à mettre en valeur, qu'ils sont fragiles et menacés », insiste Annie Roucoux, sa présidente.
L'association porteuse du projet travaille sur l'ensemble des patrimoines du secteur, notamment naturel et paysager. Autant de données qui préfigurent le futur parc.
Quant au temps imparti pour l'étude en cours, il dépend de la richesse de ce que Romain trouvera : «On est des défricheurs. »
MAGALI MUSTIOLI-HERCÉ