Revue de web : Taillanderie de Nans-sous-Sainte-Anne

Revue de presse : 

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Patrimoine

Faux et usages de faux à la taillanderie de Nans-sous-Sainte-Anne

La visite de la taillanderie, haut lieu du patrimoine industriel du haut Doubs, ne serait rien sans « Charcot », Jean-Charles Loubet de son vrai nom. Avec enthousiasme, ce guide fait revivre l’usine fermée en 1969. Aujourd’hui encore, toute la machinerie est en état de marche. La taillanderie de Nans-sous-Sainte-Anne a été fondée en 1828 par Arsène Lagrange, puis reprise en 1865 par Louis-Joseph Philibert, lui-même descendant d’une famille de fabricants de faux. À sa mort en 1867, c’est l’aîné des fils Philibert qui a repris la direction de l’usine avec ses quatre frères. C’est grâce à eux que nous pouvons voir aujourd’hui les bâtiments et les ateliers qu’ils ont reconstruits selon leurs plans. Pour fonctionner et actionner les martinets et les soufflets, la taillanderie a besoin d’eau. Elle se trouve ainsi un peu isolée du village sous la falaise du « Creux de la Doye » et capte ainsi les eaux du ruisseau de l’Arcange, affluent du Lison. « Son débit relativement régulier ne connaît pas le gel, permet l’utilisation de la technologie de la roue hydraulique », souligne le guide.

Un vacarme infernal

« L’apogée de la production sera atteinte entre 1900 et 1914, poursuit Charcot. La taillanderie produisait à cette époque 20 000 faux et 10 000 outils taillants. Les Philibert fabriquaient plus de 100 modèles de faux. »Après la fermeture de l’usine, en 1969, la famille Freyburger a acheté l’établissement. À peine entré dans l’atelier, on est surpris par la roue en bois qui mesure cinq mètres de diamètre. Tout en ressuscitant les temps anciens, Charcot active la roue grâce à une arrivée d’eau qu’il contrôle par une commande au pied, située à côté d’un martinet. Ces fameux martinets, qui permettaient d’étirer le métal dans un vacarme épouvantable, ont une tête en acier de 250 kg pour le martinet d’étirage et de 150 kg pour celui du platinage. Le bruit était la hantise des « taillandiers » qui n’avaient ni casque ni protection. « Après trois années passées dans les ateliers, explique Charcot, les ouvriers devenaient sourds. Il faut dire que les martinets tapaient la ferraille, 150 fois à la minute. On les entendait à 10 km à la ronde dans la vallée. »Un peu plus loin dans l’atelier, Charcot prend un marteau et simule le travail des ouvriers en frappant sur une enclume, tout en expliquant le système des forges qui permettait de chauffer le métal. Selon lui, les forgerons étaient de véritables artistes. Et de citer : « Il faut battre le fer quand il est chaud… » Témoin également de cette époque : la turbine, la machine Gramme permettant de fabriquer du courant continu et le moteur semi-diesel destiné à pallier les irrégularités de l’énergie hydraulique. Les Philibert disposaient du courant électrique quinze ans avant les habitants du village.Dans la salle dite de « la soufflerie », les visiteurs peuvent découvrir deux pièces uniques en Europe. Il s’agit, ici, des deux soufflets qui servent à alimenter les forges de la taillanderie. La machine soufflante a été installée en 1887, elle produit un courant d’air continu, les deux soufflets fonctionnant en alternance (l’un aspire pendant que l’autre expire). L’air est envoyé via un réseau de « tuyères » parcourant la taillanderie, jusqu’aux foyers de la salle des forges pour en aviver le feu.

Unique en Europe

Les premières difficultés sont intervenues à la suite de la mobilisation lors de la Première Guerre mondiale mais surtout avec la mécanisation dans l’agriculture. L’utilisation de la faucheuse mécanique s’est généralisée et les systèmes hydrauliques ont été concurrencés par les moteurs électriques. Le nombre d’ouvriers passe de 25 en 1890 à huit en 1939. La production n’est alors plus que de 10 000 outils par an et lors de la fermeture en 1969, il ne restait que trois ouvriers fabriquant annuellement 3000 outils.

Y ALLER Juillet et août, ouvert tous les jours de 10 h à 13 h et de 13 h 30 à 18 h 30. Tél. : 03 81 86 64 18.

 

le 02/08/2012 à 05:00 par Jean Becker