La piscine Molitor, chef-d’œuvre de l’Art déco, n’existe plus
http://www.latribunedelart.com/la-piscine-molitor-chef-d-a-uvre-de-l-art-deco-n-existe-plus-article003780.html (article et photos)
12/6/12 - Patrimoine - Paris, Piscine Molitor - Nous l’avions évoqué dans notre récente émission L’Art sur un plateau : la piscine Molitor, chef-d’œuvre de l’Art déco, qui fonctionnait encore en 1989, a été entièrement détruite au profit de la spéculation immobilière par la Ville de Paris, propriétaire des lieux, qui a accordé une concession des lieux pendant 54 ans à un groupe privé.
Nous nous en voulons particulièrement car cette destruction, ce vandalisme imbécile et insensé était prévu de longue date. Depuis environ deux ans, nous en avions été informé, sans avoir trouvé le temps d’instruire ce dossier et d’en parler sur La Tribune de l’Art. Il faut dire que nous étions naïf puisque nous pensions que son inscription pouvait la protéger d’un tel acte.
Car aussi incroyable que cela puisse paraître, la piscine était protégée monument historique depuis 1990 et demeure inscrite comme le prouve cette fiche sur la base Mémoire du ministère de la Culture. Mais un monument inscrit peut être démoli si l’administration en charge des monuments historiques donne son autorisation, ce qui semble avoir été le cas ici dans une discrétion exemplaire.
On lisait dans Le Figaro du 20/11/11, « vingt-deux ans après sa fermeture, ce fleuron de l’Art déco et ses deux bassins de 50 et 33 mètres s’apprêtent donc à faire peau neuve ». Nos photos montrent ce qui demeure de ce « fleuron de l’Art déco » ! On détruit tout (à l’exception de quelques pauvres morceaux de murs) et on reconstruit entièrement en rajoutant des mètres carrés afin d’en faire une opération hôtelière bien juteuse. On se contente, pour garder la fiction de la protection, de déposer quelques éléments d’origine que l’on insèrera dans ce bâtiment entièrement neuf. C’est ce que le site Internet de la Ville de Paris appelle une « renaissance » ! On peut lire dans cet article : « des échantillons de portes de cabines, de vitraux ou de cabines ont aussi [été] prélevés, comme témoignages du bâtiment dessiné par l’architecte Lucien Pollet [...]. Ils serviront aux artisans pour reproduire des éléments Art déco au sein du nouveau Molitor, qui retrouvera l’esprit des origines ».
La Mairie de Paris ose tout, c’est comme ça qu’on la reconnait.