Appel à communication pour 2013 : Les houillères, entre l’État, le marché et la société - Les territoires de la résilience (XVIIIe - XXIe siècle)

 Premier colloque international et pluridisciplinaire organisé à Louvre-Lens au printemps 2013. Appel à communication (à fournir avant le 15 septembre 2012)

Les houillères, entre l’État, le marché et la société

Les territoires de la résilience (XVIIIe - XXIe siècle)

 

 

De nombreuses études éclairent l’évolution de l’activité charbonnière en Europe, sa contribution à l’industrialisation et les problèmes soulevés par sa reconversion. Plus rares sont les travaux qui s’intéressent aux remarquables capacités d’adaptation des sociétés charbonnières face aux différents chocs supportés depuis trois siècles. Le premier colloque Mineurs du monde organisé à Louvre-Lens au printemps 2013 vise à mobiliser la communauté des chercheurs, débutants ou reconnus, français et étrangers, historiens, économistes, démographes, sociologues, juristes ou spécialistes d’autres sciences humaines et sociales, autour de la question de la résilience des territoires de la houille depuis le XVIIIsiècle.

 

Moteurs de l’industrialisation des XVIIIe et XIXe siècles, pivots stratégiques des deux Guerres mondiales, moteurs des deux reconstructions, enjeux de la guerre froide et de la compétition économique du XXe siècle, puis subissant la concurrence d’autres sources d’énergie, les acteurs des houillères anticipent, innovent et réagissent jusqu’à la fermeture des puits et aux dernières reconversions. Quels sont les ressorts de leur dynamisme ? Sont-ils les mêmes dans tous les bassins ? Comment se manifeste cette plasticité/malléabilité et quels sont ses effets ? Quel a été/est le rôle respectif des États et des entreprises ou des compagnies, et plus largement des acteurs politiques, économiques et sociaux européens, nationaux, régionaux, voire locaux, dans ces adaptations ? Dans quelle mesure ces réactions aux chocs extérieurs sont-elles propres aux secteurs charbonniers ? Autant de questions qui incitent à s’intéresser aux ressorts de la résilience de ces territoires en invitant à des approches pluridisciplinaires et comparatives, ouvertes sur différents espaces (régionaux et nationaux, européens et mondiaux) et sur différentes périodes. Les questions abordées sont regroupées en quatre axes thématiques.

 

Les populations des houillères dans des sociétés industrielles et techniciennes. Ce premier axe concerne les migrations et la circulation des hommes, des connaissances et des idées à l’intérieur des bassins houillers et vers l’extérieur. Il porte autant sur les aventures individuelles, qui sont à l’origine de la découverte et de l’exploitation des filons, que sur l’évolution des techniques de l’exploitation du charbon et sur l’histoire collective des mineurs et de leurs familles depuis le XVIIIe siècle. Les formes du travail dans la mine, l’organisation des travailleurs, le poids des syndicats et l’impact des grèves, leurs effets sur la société environnante et sur les débats nationaux, voire européens, mais aussi, les transformations démographiques et sociales induites par les reconversions, en bref, la façon dont la main-d’œuvre, quelle que soit sa qualification, son statut et son rôle dans la mine, s’approprie la maîtrise de l’espace charbonnier constitue le pivot de cet axe. Il s’agit de déterminer dans quelle mesure les caractéristiques des populations des bassins houillers influencent leur capacité d’adaptation aux chocs extérieurs. Il s’agit plus largement de s’interroger sur les ressources de la communauté des mineurs et des dirigeants des houillères pour affronter le changement.

 

Les houillères face aux risques et aux incertitudes et la stratégie des États et des groupes miniers. Le deuxième axe concerne à la fois l’histoire des sociétés minières et celle des États, parties prenantes de l’aventure du charbon, abordées à différentes époques et dans différents contextes géopolitiques. Il vise d’abord à éclairer les stratégies déployées par les acteurs collectifs, publics et privés, face aux circonstances exceptionnelles des catastrophes, des guerres, des reconstructions, puis des reconversions. Cet axe s’intéresse ensuite aux formes permanentes de l’encadrement des activités minières (évolution de la législation et des réglementations, présence ou non de corps de contrôles comme le corps des Mines en France), qui favorisent, ou bien ralentissent leur adaptation aux transformations conjoncturelles et structurelles des marchés. L’organisation des houillères pendant les deux guerres mondiales du XXesiècle, puis pendant les sorties de guerre, ou bien l’évolution des politiques charbonnières pendant les « Vingt Glorieuses » (1952-1972), ou encore la comparaison de l’efficacité de Charbonnages de France, issus de la nationalisation, et du National Coal Boardbritannique dans cette période, informent sur les pratiques publiques et privées des responsables des bassins qu’ils conviendra d’appréhender à l’échelle de l’Europe, de la nation, de la région, voire des municipalités pour y chercher les fondements de la résilience des bassins.

 

Les houillères dans un monde conscient de sa fragilité et sans charbon. Le troisième axe retenu concerne la façon dont le territoire s’adapte aux changements sanitaires et environnementaux induits par l’activité charbonnière, puis au choc que représente la fermeture des puits. Incitant à identifier la nature des chocs et à définir les stratégies d’adaptation pour y faire face, il distingue deux types de réactions. D’une part, si l’on considère que l’extraction de charbon génère des impacts sanitaires et environnementaux importants qui modifient les écosystèmes de manière souvent irréversible et engendrent des maladies aux conséquences également irréversibles, on peut s’interroger sur la manière dont les territoires miniers peuvent (ou ont pu) s’adapter à ces changements. Quelles solutions techniques, juridiques, économiques, organisationnelles ont été avancées pour réagir à ces impacts et quels enseignements peut-on en tirer pour disposer d’atouts pour l’avenir ? Dans quelle mesure les sociétés confrontées aux risques miniers ont-elles développé des stratégies d’adaptation spécifiques ? La reconversion des bassins ensuite, pose à la fois des questions économiques, politiques, sociales, environnementales et psychologiques qui incitent à s’interroger sur les effets des fermetures de puits sur les sociétés minières, sur les relations entre les acteurs et sur la façon dont une communauté construite autour de la mine peut se reconvertir.  L’analyse des stratégies introduites dans les différents bassins miniers ayant vécu une situation similaire/comparable serait à faire. Des communications orales de chercheurs pourraient être utilement complétées de témoignages d’acteurs ayant vécu ces transformations et/ou à l’origine des réponses apportées par la société pour aller vers des territoires résilients.

 

La mémoire des houillères. Comment se forge/se façonne/se modèle une mémoire après la fermeture des puits ? Le dernier axe souhaite mobiliser les archivistes, les historiens, les sociologues, mais aussi des acteurs et des témoins, d’anciens mineurs ou des membres d’associations qui cherchent dans le passé charbonnier les moyens d’envisager l’avenir. Pour l’historien, il s’agit de réfléchir à la façon dont on peut écrire l’histoire des bassins après la fin du charbon, de s’interroger, avec les archivistes et d’autres spécialistes des sciences humaines et sociales, sur les matériaux disponibles et sur la façon dont on peut constituer et préserver une mémoire collective après les reconversions. Une table ronde réunissant les témoins des reconversions (anciens mineurs, représentants de la direction des houillères et des autorités politiques municipales, régionales, nationales et européennes) et des observateurs (historiens, archivistes, statisticiens, journalistes, chercheurs) permettra des échanges sur cette question.

 

 

 

Les propositions de communication sont à envoyer à irhis.recherche@univ-lille3.fr"   (Indiquer « Colloque Mineurs du monde » en objet) avant le 15 septembre 2012 sous la forme d’un résumé de 3 000 caractères (espaces compris), précédé d’un titre et accompagné d’un bref curriculum vitae de l’/des auteurs (une page), précisant leur rattachement institutionnel et leur statut. Le comité scientifique donnera sa réponse fin octobre 2012 et les textes des communications (30 000 caractères maximum) seront à envoyer pour le 1er mars 2013.

 

 

Coordination et organisation scientifique du colloque :

 

Sylvie Aprile, Matthieu de Oliveira, Béatrice Touchelay, Université de Lille 3 – IRHiS UMR CNRS 8529

 

 

 

 

 

Renseignements complémentaires

 

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