Manufacture moins poussiéreux que musée
La scène se passe sur un coin de table au Bar du Château de L’Aigle. Didier Vrac, le Pdg de Bohin, fabricant d’aiguilles et d’épingles, cherche quel nom donner au futur espace muséographique de l’aiguille et de l’épingle. Il ne veut plus entendre parler de « centre d’interprétation de l’aiguille » et autre « musée » à la consonance poussiéreuse.Et soudain, ça fait « tilt » : « la Manufacture ! » Ce sera donc le nom définitif qui a été choisi pour ces 2 000 m2 qui ouvriront dans quelques mois.
Le projet est un partenariat public-privé entre la communauté de communes du Pays de L’Aigle, pour les travaux, et la SAS Bohin pour la gestion. Lieu choisi : l’enceinte de l’usine Bohin à Saint-Sulpice-sur-Risle.Dans quelques semaines, le chantier sera lancé, « l’ouverture est programmée au printemps 2013 », précise Didier Vrac, passionné par cette opération, « tellement le projet est important sur un produit qui peut paraître si dérisoire : une simple aiguille !« C’est un peu du donnant-donnant », explique-t-il. « Pour la marque Bohin, cet espace, destiné à recevoir près de 30 000 visiteurs par an sur le lieu même de la production est un « plus ». Songez par exemple que France Patchwork, la plus grande association européenne de « kilteuses » (passionnées de patchwork) compte 13 000 adhérentes. Et pour le territoire Aiglon, c’est un afflux de visiteurs qui feront tourner l’économie ».L’hôtel-restaurant du Dauphin, à L’Aigle, ne s’y est pas trompé, qui achève d’énormes travaux de rénovation.
Documents d’époque
« J’ai déjà des appels de groupes pour des réservations, même des USA, dont un groupe veut venir 10 jours dans l’Orne autour de la Manufacture Bohin », explique Audrey Regnier. La jeune femme fraîche émoulue d’un Mastère de tourisme d’affaire à Angers (ESTUA, Maine-et-Loire) vient de se voir confier la direction du projet « Manufacture ». Un sacré challenge et une vraie rampe de lancement pour elle. Mais un travail énorme, à un an de l’ouverture : « Il faut prévoir la stratégie de communication, les panneaux d’exposition, les contacts sur les réseaux sociaux, la sécurité, et l’inventaire des archives Bohin. Nous sommes à la recherche de tout document d’époque » (1)Le projet prévoit un espace de musée, autour de tous les métiers qui utilisent des aiguilles, avec des sculptures de l’artiste Fanny Ferré, qui expose en face de la « Manufacture » dans un ancien atelier Bohin.« Une boutique avec toutes les références Bohin sera ouverte, ainsi que les produits dérivés. Nous y ajouterons un « corner créateur pour les toutes petites productions. Et enfin un atelier de création avec tout un programme de cours autour du patchwork, de débutants aux masterclass ». Et même un espace recensant plein d’expressions utilisant le mot aiguille. À n’en pas douter, voilà un projet qui va « tirer son épingle du jeu ».
(1) Tout personne possédant des archives ou documents anciens sous la marque Bohin peut les communiquer à Audrey Regnier, SEMB, BP 212, 61 306 L’Aigle Cedex