JOURNEE D’ETUDE DU 31 MARS 2012 « PRODUIRE ET TRANSFORMER LE FER AU SECOND MOYEN-ÂGE »

 

JOURNEE D’ETUDES organisée par le Centre d’Histoire des Sciences et
d’Histoire des Techniques, CH2ST/EA 127, Université de Paris I - PanthéonSorbonne.
Lieu : Centre MALHER Date : 31 mars 2012
9, rue Malher Horaires : 10 h - 17 h
75004 PARIS
Amphithéâtre Dupuis
Niveau -1

PRODUIRE ET TRANSFORMER LE FER AU SECOND MOYEN-ÂGE
EMERGENCE DE LIGNEES TECHNIQUES OU CONTINUITÉ ?

Sujet d’étude : Si les textes médiévaux font souvent mention de « forges grossières,
forestières, sochières, paellières,… » implantées pour bon nombre en forêt, ce n’est que
récemment que des ateliers de ce type, qui se signalent par des amas de scories avoisinant le
millier de tonnes, ont pu être reconnus sur le terrain et fouillés. En Bretagne, et plus précisément
sur le massif forestier de Paimpont, trois sites (Trécélien, Vert Pignon, Péronnette), explorés
depuis 2002, attestent de l’utilisation au XIVe siècle de fours de réduction qui possèdent la  particularité d’être largement ouverts, permettant ainsi un accès aisé au foyer/creuset.

Différentes
phases de minéralurgie et de travail de post-réduction sont également représentées dans ces
ateliers. Les résultats de ces recherches témoignent de l’existence, au cours du second Moyen
Âge, d’une lignée technique tout à fait inédite. Très peu de fouilles ont porté sur d’autres ateliers
de cette époque en Europe. La comparaison avec des installations contemporaines est nécessaire
pour établir les similitudes et les différences entre les lignées techniques reconnues et, ainsi,
obtenir une vision élargie du savoir-faire des métallurgistes médiévaux. A l’aune des dernières
découvertes réalisées dans l’est de la France, en forêt de la Haye, cette journée d’étude est une
invitation à lancer le débat sur ces questions.

Qui plus est, du point de vue du procédé technique, la production de fer dans un bas fourneau
ouvert semble au premier abord en totale contradiction avec les conditions physico-chimiques
d’atmosphère réductrice indispensables à la transformation du minerai en fer métal. Ce dispositif
évoque, dans une forme très dépouillée, les appareils des forges catalanes, corses et
bergamasques dont le fonctionnement a perduré pour certaines jusqu’au XIXe siècle.
N’existerait-il pas un fondement conceptuel commun ayant pu donner naissances à ces lignées,
qui ont connu un fort développement en marge de la filière de réduction indirecte et ses
« Grandes Forges » ? Pour répondre à cette question, l’examen des procédés techniques
employés par ces forges méridionales, en particulier dans leurs prémices, s’avère essentiel.
Enfin, l’expérimentation scientifique de fours de réduction peu élevés et à faible charge, ou,
mieux, exempt de cheminée et façonnés d’après les dispositifs découverts, contribue à approcher
le fonctionnement de ces fours/foyers particuliers. L’accessibilité de l’appareil pose la question
de son emploi dans les phases opératoires qui suivent la réduction. Ainsi le travail d’épuration de
la masse de fer brute, de même que celui de forgeage demandent à être explorés, aussi bien au
sein de ces sites de production de fer que de ceux de forge en contexte d’habitat, afin d’en
comprendre l’articulation.
Le chantier visant à mieux cerner cette métallurgie étonnante qui émerge au second Moyen Âge
représente une tâche à la fois imposante et stimulante.

Jean-Bernard VIVET Nicolas GIRAULT
(CH2ST/EA 127, Paris1- Sorbonne) (ArScAn, UMR 7041, Paris1- Sorbonne)