Les actes du colloque ont été publiés dans le n°60 de l'AIF qui est disponible à l'achat dans la rubrique Publications.
RESUMES DES COMMUNICATIONS - SUMMARIES OF THE PAPERS
REGARDS CRITIQUES SUR TRENTE ANS DE RECONVERSIONS
Georges GAY
Que reste-t-il de l’argument patrimonial dans les espaces industriels reconvertis ? Trois sites de l’agglomération stéphanoise vingt-cinq ans après : Gillet, Giron, Manufrance
Les sites Gillet, Giron, Manufrance sont trois héritages de l’industrie manufacturière stéphanoise brutalement touchés par la désindustrialisation au tournant des années quatre-vingt. L’apparition de ces friches constitue alors un défi politique et urbain qui impose leur réaménagement. L’accent mis sur la valorisation de l’architecture induit une ambiguïté de la mobilisation de l’argument patrimonial dans des projets portés par des logiques de redéveloppement territorial, qui débouche sur une réinterprétation des lieux en altérant l’aspect et la lecture. La conservation du bâti y participe d’un décalage par rapport aux usages industriels, censé produire les éléments d’une nouvelle urbanité qui en escamote la dimension technique et sociale au profit d’une théâtralisation de la modernité. Ces logiques de « rupture créatrice » qui nourrissent la réutilisation des lieux, s’enlisent dans l’insuffisance des ressources de la ville désindustrialisée. La déqualification qui en découle, enclenche un processus de banalisation éloignée d’une distinction patrimoniale qui trouve par ailleurs ses limites dans la résistance de la réalité économique et sociale. Cependant, l’intégration paradoxale des espaces reconvertis dans l’organisme urbain, qui est ainsi produite, ouvre la voie à leur reconnaissance comme monuments de la ville industrielle.
What becomes of the heritage arguments in industrial spaces that have been adaptively re-used? Gillet, Giron and Manufrance, three factories in the Saint-Étienne region twenty-five years after their conversion
Gillet, Giron and Manufrance are three former industrial sites in the Saint-Étienne region, where industry went into dramatic decline at the beginning of the 1980s. Their new status as 'brownfield' sites was a planning and political challenge which called for their redevelopment. The emphasis placed on the conservation of their architectural features led to a certain ambiguity in the way other heritage values were taken into account. The projects were founded primarily on preoccupations of economic redevelopment within the territory. The result was a reinterpretation of the sites which altered their appearance and changed the way they could be understood. The preservation of the buildings obscured their previous industrial uses. With the ambition of producing elements of a new urbanity, the modernity of the buildings was underlined in a theatrical way and at the expense of the technical and social aspects of their history. The hopes for a ‘creative rupture’ in the re-use of the sites were subsequently affected by the lack of public resources, the whole city then being in a state of post-industrial crisis. The end result is a lack of quality and a certain banality which has little to do with the distinction usually associated with heritage, distinction which can often be compromised by harsh social and economic realities. Nonetheless, and paradoxically, the progressive integration of these converted industrial spaces into the overall organisation of the city has opened the way to their recognition as specific monuments in the industrial landscape.
Alexandre CHEMETOFF et Jean-Louis KEROUANTON
Patrimoines de l’Île de Nantes, visite commentée du 2 juillet au 21 septembre 2011
L’île de Nantes fait l’objet depuis plus de 10 ans d’une opération d’urbanisme saluée aux plans national et international. Depuis le milieu du XIXe siècle sur sa partie ouest, c’est tout un ensemble d’industries qui s’est développé pendant près de 150 ans et qui laisse aujourd’hui de grands témoignages monumentaux. S’il y reste encore aujourd’hui une activité industrielle marginale, ce sont également les friches des usines anciennes qui se sont trouvées au cœur des préoccupations des aménageurs et des architectes.
Nous proposons ici un retour commun sur les lieux, une lecture à deux voix, celle de l’urbaniste chargé de la maîtrise d’œuvre du projet d’ensemble pendant 10 ans, celle d’un historien défenseur du patrimoine industriel, autour de la mémoire, de l’usage et de l’état des lieux. Témoignage, construit aujourd’hui grâce à une alternance de séquences, huit stations que nous avons faites sur l’île le 2 juillet 2011. Lecture rétrospective des actions, des discussions et des échanges sur un espace vécu et travaillé, sur cette question de la création et du projet, à partir justement de la lecture rétrospective de sa construction même : épaisseur du temps, des constructions et des espaces industriels, avancée réflexive du site au programme et du programme au site. Nous discuterons donc du temps, qui introduit dans la vision des choses une transformation de la représentation, qui peut déplacer les codes.
Pour l’un et pour l’autre, puisqu’il s’agit de patrimoine, d’architecture et d’espace contemporain, de la ville en entier, nous évoquerons cette façon de s’engager qui a permis, par exemple, à certains fours de revenir de loin, à certaine grue d’être protégée, sans ignorer les échecs et les manques, de parler donc aussi de ce qu’on fait ou pas de la disparition. Bref, évoquer de manière plus générale tout ce qui fait patrimoine.
Heritage on the Île de Nantes, a guided tour on 2 July and 21 September 2011
Over the past ten years, the neighbourhood of the city of Nantes known as the île de Nantes, the Nantes island, has been the object of an operation of urban redevelopment which has been acclaimed both in France and abroad. The western part of this neighbourhood accommodated industrial activities from the middle of the nineteenth century, bequeathing it today with a certain number of industrial monuments. Although there is still some residual industrial activity, the main concern for planners and architects was what to do with the abandoned industrial sites. In this piece we would like to propose a sort of guided tour of the island, with a dual commentary, the first given by the planner responsible for the overall urban project over the last ten years, the second coming from a historian and friend of the industrial heritage, concerned by questions of memory, but also by the present-day conditions of the place and its present-day uses. This imaginary visit with its alternating comments and its eight sequences is inspired by a real visit and by the photographs we took on 2 July 2011. Based on the history of how the project came into existence, this approach allows for a retrospective analysis of the different actions undertaken, and for discussions about the way the place was occupied, about how people worked there and about the role of creation in the contemporary project. We are looking here at different layers of time which can change representations and shift codes in our ways of seeing. Since we are talking about heritage, architecture and contemporary space in the city as a whole, we also address our own engagement which allowed, for example, for certain industrial kilns to be saved, for a dockside crane to be preserved. We do not disguise the failures and the setbacks and we are also concerned by the question of what to do (or what not to do) about sites which have disappeared. In a word, we are looking more generally at what makes for shared heritage.
Antoine FURIO
30 ans de reconversion en Seine-Saint-Denis
Territoire urbain densément industrialisé, le département de la Seine-Saint-Denis est confronté à la problématique des friches industrielles depuis le milieu des années 1970. En près de 35 ans ce mouvement qui n’a cessé de s’accélérer s’est proportionnellement accompagné de nombreuses opérations de reconversions. Portées par les pouvoirs publics, collectivités locales ou partenaires privés, elles témoignent sur la durée de changements sensibles dans l’appréhension d’un site industriel par les acteurs de la ville, passant progressivement d’une visée strictement opportuniste à celle de la plus-value patrimoniale.
Des premières opérations aux plus récentes, il est ainsi possible de porter une analyse historique révélatrice des mutations des enjeux urbains attachés aux sites industriels, des évolutions dans leur gestion par un jeu d’acteurs en pleine évolution, et enfin de leurs effets sur la diversification des programmes de reconversion.
Du déni à sa patrimonialisation, l’architecture industrielle s’est adaptée aux politiques urbaines et économiques exercées sur le territoire ainsi qu’aux besoins du marché immobilier. Sa reconversion présente ainsi de multiples atouts de développement pour la Seine-Saint-Denis mais en oubliant bien souvent de restituer un sens au lieu au risque de perdre à terme un élément constitutif de son identité.
Thirty years of industrial heritage conversions in the Seine-Saint-Denis department
The Seine-Saint-Denis department, immediately to the north of Paris, is a suburban department which was densely industrialised from the nineteenth century and which has been confronted with the problems of de-industrialisation and abandoned factories since the 1970s. Over the last 35 years, the industrial decline of the department has become more pronounced and there has been a concomitant increase in the number of factory conversions. These operations have been diversely financed by public institutions, by local authorities or by private initiative. Over time, they bear witness to changes in the ways industrial sites are considered by various urban players. To begin with, the conversion operations were often opportunistic, merely taking advantage of available space, but gradually these operations came to consider heritage as an added value.
From the earliest conversion operations to the most recent, it is therefore possible to carry out an historical analysis illustrating the way the issues raised by industrial sites have changed, how the management of these sites has changed too, and how the players concerned are also changing, with cumulative effects on the way old industrial buildings are now given a broader variety of new uses.
Industrial architecture, first denigrated but now recognised as heritage, has found its place in the department's planning and economic policies and has adapted too to the real estate market. The conversion of industrial sites to new uses is now seen as one of the many assets available in the department. Unfortunately, however, the meaning of the places thus converted and the interpretation of this meaning is often neglected and elements of identity can be lost.
Pierre FLUCK et Thierry FISCHER
La Ruhr : une logique territoriale de reconversion des paysages industriels
Conurbation de 5,5 millions d’habitants, la Ruhr nous offre le spectacle d’une des plus saisissantes mutations qu’aient pu connaître les paysages industriels en Europe. Repérés depuis fort longtemps, les affleurements de charbon furent à l’origine d’une longue maturation protoindustrielle, qui précède une phase inflationnaire de développement de l’écrasante dualité charbon-acier au tournant du premier tiers du XIXe siècle. L’analyse nous conduira à confronter dans une logique comparative les environnements et paysages de l’époque paroxysmale du développement industriel et la contemplation du même territoire, aujourd’hui.
Un développement spécial sera consacré à la chronologie (à travers le roman des sauvetages de sites) et aux mécanismes des reconversions : initiatives individuelles ou politique affichée du Land, attitudes patronales, rôle des instances de la culture, influence des acteurs de la recherche, initiatives issues du monde du travail. On montrera comment les préoccupations environnementales, l’appropriation citoyenne, le culte de la Industriekultur et l’ouverture vers un panel d’activités économiques sont venus intégrer et piloter les logiques de la reconversion. On en analysera les qualités mais aussi les limites. La relation qu’ont les Allemands à l’égard du monde du travail explique sans doute pourquoi la région industrielle la plus noire de l’Europe est devenue un pôle touristique de premier plan, un territoire économique orienté vers le développement durable, reconnu par l’UNESCO et capitale européenne 2010 de la culture.
The Ruhr, territorial logics in the reconversion of industrial landscapes
The Ruhr is a conurbation with a population of five and a half million inhabitants. It offers us today the spectacle of one of the most striking changes to be seen in the industrial landscapes of Europe. Identified from early times, the coal outcrops were at the origins of a long period of proto-industrial development which prefaced an industrial explosion during the first half of the nineteenth century, based on the powerful combination of coal and steel. Our analysis will compare the environments and landscapes of industry at this paroxysmal period of development, with the same territories as they can be contemplated today.
Special attention will be given to chronological questions, taking into account how sites were saved and looking at the mechanisms of their reconversion: individual initiatives or concerted policies of the Land, employers’ attitudes, the role of cultural organisms, the influence of academic research and initiatives of trade union or workers' origins. We will show how environmental preoccupations, the appropriation of sites by citizens, the cult ofIndustriekultur and the opening up to a whole range of economic activities came to integrate and orientate the processes of reconversion. We will examine the qualities of these approaches but also their limits. The relations that Germans have with regards the world of work doubtless help explain how one of the grimmest industrial zones of Europe has now become a major tourist attraction and an economic territory highly attentive to sustainable development, recognised by UNESCO and chosen as European capital of culture in 2010.
Mark WATSON
Les leçons de la reconversion d’usines textiles, de Dundee (Écosse) à Tampere (Finlande) en passant par Bradford et Lille…
Cette intervention cherche à attirer l'attention sur les différences internationales que l'on constate dans les démarches de reconversion de sites industriels à de nouveaux usages, démarches qui vont d'attitudes de respect pour l'existant à des interventions radicales. Ces différences s'expliquent en partie par des circonstances différentes, mais aussi par l'évolution de nos philosophies de conservation du patrimoine. Afin de considérer la question sur une durée relativement longue, et de voir comment les opérations s'influencent mutuellement, nous examinerons de plus près le cas des conversions d'usines textiles dans et autour de la ville de Dundee, en Écosse. La première opération majeure de reconversion date de 1984 et, depuis cette date, 19 autres usines ont pu être converties pour accueillir des logements de différents types. Quelles leçons peut-on en tirer ? Tout d'abord nous pouvons avoir davantage confiance dans la résistance structurelle d'ossatures en fer, dans les qualités de ces ossatures en termes d'insonorisation, de résistance au feu et d'équilibre thermique, et dans les possibilités d'améliorer ces qualités. Nous autres conservateurs du patrimoine pouvons apprendre aussi qu'il n'est pas nécessaire de tout conserver. Des interventions architecturales contemporaines peuvent être acceptables, dès le moment que maître d'ouvrage et maître d’œuvre ont une appréciation juste du caractère de l'édifice à transformer. Des usages multiples et des propriétaires multiples paraissent plus appropriés pour la conservation durable d'un bâtiment, mais pour cela les nouveaux habitants et les nouvelles fonctions doivent pouvoir coexister. Dans la plupart des cas, la conversion à des usages de logement s'avère plus durable que les conversions en musée ou pour un autre usage unique (telle une surface commerciale), où le financement continu est moins bien assuré. Des typologies et des schémas émergent dans la comparaison des démarches à Dundee, Hawick et Bradford, au Royaume-Uni, à Lille en France ou à Tampere au Finlande. L'analyse du cycle de vie, lorsqu'elle prend en compte les usages successifs d'un bâtiment, suggère qu'il y a de vrais avantages pour l'environnement dans la reconversion, au-delà de la simple analyse immédiate de performance énergétique. Il s'agirait donc d'élaborer de nouveaux outils pour mesurer les bénéfices en termes d'énergie grise dans ces opérations de reconversion.
The long view: lessons learned from converted textile mills in Dundee, Scotland, and examples in Bradford, Lille and Tampere
This paper draws attention to some international differences that exist in approaches to adaptive re-use, from the purist to the bold. The differences arise from circumstances, and evolving conservation philosophy. In order to take a long view on how conversions have evolved, and how each one has learned from the preceding one, it will take the case of conversions of textile mills in and around the city of Dundee, on the east coast of Scotland. From the first large mill to be converted in 1984 a total of 19 textile mills have been adapted to housing uses of various kinds. What lessons have been learned?
We can now be more confident about structural performance of iron, sound-proofing and fireproofing measures inherent in the structure, thermal performance and ways to improve on these. We conservationists can learn not to insist that everything be kept. Some architectural intervention in these mills can be justified provided there is a fundamental sympathy towards the character of the building both in the designer and in the decision-maker in the relevant authority. Mixed uses and multiple ownership can secure a building long term, but people and functions have to learn to co-exist.
In most cases the conversions have proved sustainable—more so than preservation as museums or as some other single-purpose building dependent on continuing revenue streams. Typologies and patterns emerge, comparing and contrasting the approaches taken in Dundee, Hawick and Bradford (UK) with Lille (France) and Tampere (Finland). When Life Cycle Assessment (LCA) takes into account repeated use and re-use of building fabric, there are real environmental benefits not seen when only measuring energy performance in use. This means finding ways to consider the embodied energy benefits in the re-use of existing buildings.
PATRIMOINE INDUSTRIEL ET POLITIQUES URBAINES
Jean HAENTJENS
Réhabilitation du patrimoine industriel et stratégies urbaines
La réhabilitation du patrimoine industriel s’inscrit dans des stratégies urbaines qui visent d’autres objectifs – économiques, sociaux, culturels ou politiques – que le seul « intérêt patrimonial ». Il est important pour les défenseurs de ce patrimoine de comprendre la logique de ces stratégies, car elle a sensiblement évolué depuis trente ans. Trois générations de stratégies se sont succédé, qui ont chacune eu des raisons différentes de s’intéresser au patrimoine industriel.
Les stratégies du mouvement, apparues au début des années 1980, ont privilégié les notions de rapidité et d’insolite. Les stratégies du lien, apparues à partir des années 2000, étaient plus intéressées par les notions de récit, d’inscription dans un contexte, et de multifonctionnalité. Les stratégies du tri, imposées par la contrainte budgétaire, demandent aujourd’hui une évaluation plus précise de l’intérêt local pour ce type d’opérations. Celui-ci peut être apprécié par rapport à deux critères qui sont la valeur d’usage et la valeur symbolique.
Urban strategies and the reconversion of the industrial heritage
The adaptive re-use of industrial buildings is generally situated within broader urban strategies where economic, social, cultural or political issues are of more significance than the mere preservation of the heritage. For the defenders of the industrial heritage, it is important then to understand the logics of these strategies, since they have evolved considerably over the past thirty years. Three generations of urban strategies can be identified, each with its own particular reasons for finding the industrial heritage interesting. The strategies of movement which emerged at the beginning of the 1980s were interested in notions of rapidity and the unusual. From the year 2000 on, strategies of social relations were more concerned by the place of industrial heritage in telling stories, in creating context, in multi-functionality. The strategies of selection, imposed but budgetary limitations, today require closer attention to evaluating local interest for this type of operation. This local interest can be analysed by means of two criteria which are values of usage and symbolic values.
Madalena CUNHA MATOS et Eugenia SANTOS
Les grandes aires industrielles de la rive sud du Tage, défis et perspectives de requalification urbaine
Comme d'autres pays d'Europe, le Portugal est dans une phase de désindustrialisation. De vastes territoires, autrefois occupés par une activité industrielle intense, sont aujourd’hui en friches. Certains bâtiments de production, avec leurs infrastructures, sont aujourd’hui dans un état avancé de détérioration, voire en ruines et les lieux où ils sont situés se révèlent comme de potentiels «ghettos» de marginalité.
Cette région dispose cependant d’un riche potentiel, y compris par l’utilisation des anciennes zones industrielles. Dans ce contexte, en 2008, le gouvernement a déclenché le mégaprojet dénommé « Arco Ribeirinho Sul » (Arc riverain sud). Ce projet intégré qui concerne six municipalités de la rive sud a comme objectif la requalification des zones riveraines dans tous les arrondissements concernés, la reconversion des trois grandes aires industrielles dans les municipalités d’Almada, du Seixal et du Barreiro et, in fine, la création de nouvelles centralités. Les interventions prévues dans le projet ont pour moteur prioritaire la valorisation de la relation avec le Tage, la reconversion des aires industrielles - en conservant néanmoins quelques industries – et la création de nouvelles aires d’habitation et d’activités tertiaires, de services et de loisirs.
The major industrial areas on the south bank of the Tagus; challenges and perspectives for urban re-qualification
Like other European countries, Portugal today is witnessing a period of de-industrialisation. Vast territories formerly occupied by intense industrial activity are today disused wastelands. Many factory buildings, along with their infrastructural elements, are in an advanced state of dereliction, even in ruins. Their location often makes them potential 'ghettos' for marginal populations. The region south of the Tagus nonetheless has a rich potential including the use of its former industrial zones. In this context, in 2008, the government launched a major project called « Arco Ribeirinho Sul » (the south riverside arc). It is an integrated project which concerns the territories of six different municipalities on the south bank of the river. It aims at the regeneration of all the districts affected, the reconversion of the three major industrial zones in the municipalities of Almada, Seixal and Barreiro, and, more generally, the creation of new urban centres. Within the project, the guiding principle is to enhance relationships with the river. In the industrial areas some industrial activity will remain but otherwise the project envisages new zones of housing and office accommodation, and new service and leisure facilities.
Fabien JEANNIER
Quel rôle pour le patrimoine industriel dans la politique de régénération urbaine de Glasgow ?
L'industrialisation exponentielle de Glasgow au dix-neuvième siècle a produit un patrimoine industriel considérable et varié. La municipalité ne s'est véritablement engagée dans sa conservation, sa reconversion ou sa valorisation que tardivement, au début des années 1980, alors que de très nombreux bâtiments industriels et logements ouvriers traditionnels, les tenements, avaient été démolis au cours des programmes de rénovation urbaine des décennies précédentes. La politique de transformation radicale de l'image de la ville mise en place au début des années 1980 qui visait à attirer des investisseurs et de nouveaux résidents aisés a conduit à l'organisation de manifestations culturelles et populaires de dimension nationale et internationale qui ont été l'occasion de valoriser le patrimoine industriel, architectural et culturel de Glasgow. Certaines friches industrielles ont ainsi été requalifiées en lieux hautement symboliques de la volonté de la ville de s'ériger en capitale culturelle et destination touristique de premier choix. Mais ces requalifications ont été conduites de façon sélective et décousue, en privilégiant le centre-ville et les rives de la Clyde, ce qui n'a pas manqué de faire s'élever des voix discordantes, et la métamorphose de la ville s'est opérée au détriment des populations pauvres qui ont été reléguées en périphérie.
Questioning the significance of the industrial heritage in the urban regeneration of Glasgow
The exponential industrialisation of Glasgow in the nineteenth century led to the building of a large variety of industrial premises. Glasgow City started to tackle the issues of conservation, re-use and promotion of its industrial buildings as late as the beginning of the 1980s, after a vast part of its industrial heritage had been demolished through large-scale urban regeneration programmes in the 1950s and 1960s. The culture-led policy of urban regeneration implemented from the beginning of the 1980s and aimed at luring investment and better-off residents led to the organisation of cultural events of national and international significance. They have been a major vehicle for the promotion of the city's industrial, architectural and cultural heritage. Some disused industrial sites have been converted into highly symbolic places showcasing the city's objective of becoming a cultural capital and a first-class tourism destination. But it appears that this policy has been carried out in a very selective and patchy way, with a strong focus on the city centre and the river Clyde. This inevitably generated harsh criticism and it is clear that the metamorphosis of the city has undoubtedly taken place at the expense of the poorer populations who have been relegated to the periphery.
Charles-Edouard HOULLIER-GUIBERT
Le patrimoine industriel comme différenciation territoriale pour un rayonnement international
Les villes essaient de se distinguer des autres afin de consolider leur identité, se rendre attractive, et en même temps proposer des politiques publiques locales qui répondent à plusieurs enjeux à la fois, tant locaux qu’extra-locaux. La différenciation territoriale est une méthode volontariste qui peut être mise en place par diverses actions publiques. Le patrimoine est un levier judicieux pour différencier. Il vise à la fois la population locale mais aussi les touristes. Dès lors qu’il est industriel, la dimension identitaire du patrimoine est renforcée notamment pour montrer que la ville est dans une nouvelle phase économique, éloigné du tout-industrie. Les exemples de Montréal et de Nantes sont à des stades temporels et de visibilité distincts. La métropole canadienne déploie une activité récréotouristique depuis 20 ans mais sans visibilité forte pour affirmer sa différenciation territoriale. Nantes met en avant son patrimoine industriel depuis un lustre mais s’en sert comme vecteur différenciant fort.
The industrial heritage, territorial differentiation and international reputations
Cities are all striving to distinguish themselves from other cities in order to reinforce their identity, to appear attractive and to offer local public policies which deal with issues that are both local and extra-local. Territorial distinction is a concerted affair put into effect by various public actions. Heritage obviously plays an important part here, acting as a lever for these differentiation policies, aimed both at local populations and at visitors. When the heritage concerned is industrial heritage, its value in terms of identity is often underlined in order to show how the city has moved on to a new economic phase, non longer exclusively based on industrial production. The examples of Montreal and Nantes are examined here, these two cities being at different stages in the process described and with different levels of visibility. Over the last twenty years, the Canadian city has deployed policies to encourage recreation activities and tourism, but without marked visibility to affirm its territorial differentiation. Nantes on the other hand has been making the most of its industrial heritage for a shorter time, but uses it today as a powerful vector in its differentiation.
Antoine MONNET
La Fabrique Gaupillat, chronique d’une reconversion
Ce colloque m'offre l'occasion de souligner la relation complexe qui s'établit entre un territoire, le patrimoine qu'il abrite et la population qui y réside. En ce sens, une place majeure doit être faite aux associations du patrimoine dont on sait à quel point leur action s'inscrit le plus souvent dans un cadre géographique déterminé. Ce sont des associations qui ont contribué par leur mobilisation, par leur opposition à des projets de démolition ou de dégradation, à faire entrer de nouveaux lieux dans la catégorie de patrimoine.
Je veux rappeler une mémoire industrielle disparue des Hauts-de-Seine mais également comprendre pourquoi et comment elle a pu être effacée dans une indifférence quasi générale. Je vais donc effectivement vous parler d’une initiative citoyenne et de son combat, malheureusement perdu, pour sauvegarder un des derniers témoins de la mémoire ouvrière du territoire du Val-de-Seine dans les Hauts-de-Seine, et porté par l’association « La Fabrique ».
En 1998 l’usine était fermée. Mais l’idée de la destruction des bâtiments et leur sauvegarde donnait naissance à l’association La Fabrique. Pour nous, cette volonté de destruction du patrimoine était très symbolique. C’était comme vouloir faire disparaître la mémoire ouvrière, la mémoire du quartier et de ses habitants, donc la mémoire du Bas-Meudon. Dans ce contexte, l’association La Fabrique voit le jour en décembre 2005 et va se battre jusqu’en juin 2011, date à laquelle le bâtiment et la cheminée symbolique sont définitivement abattus.
175 ans après sa création et 13 ans après sa fermeture, l’usine Gaupillat a disparu du paysage des bords de Seine au Bas-Meudon.
The Gaupillat factory at Meudon-sur-Seine, chronicles of a reconversion
The Belfort conference offers me the opportunity to underline the complex relations that exist between a territory, the heritage to be found within this territory and the population which lives there. In this context, it is important not to underestimate the important part that can be played by associations for the defence of the heritage, particularly since such associations are generally active within defined geographical limits. By the mobilisation of their energy and by their concerted opposition to projects for the demolition of the heritage, such associations can play a vital role in bringing new sites to be recognised as heritage. I would like here to draw special attention to the industrial memory of the Hauts-de-Seine department to the west of Paris. This memory has largely disappeared today, and the question now is to understand how this effacement of memory took place and why it inspired no more than indifference. The tale then is one of a citizens' initiative and of a battle fought, and lost, trying to keep one of the the last sites associated with the memory of industrial work in the Val-de-Seine area of the department. This battle was fought by an association called « La Fabrique ». The factory it hoped to save closed down in 1998. The idea of saving the buildings from destruction and giving them new uses was at the origin of the creation of the association. The association saw in the will to destroy the factory buildings something highly symbolic, a concerted effort to eradicate the working-class memory from the neighbourhood and its population and from the broader history of the Bas-Meudon neighbourhood. The association, founded then in December 2005, pursued its struggle up to June 2011. But at this last date, the factory and its emblematic chimney were finally demolished, putting an end to 175 years of the history of the place, and to a further 13 years of struggle since the closure of the factory. The Gaupillat factory is now gone and its memory effaced from the banks of the Seine at Le Bas-Meudon.
PATRIMOINE INDUSTRIEL ET STRATEGIES D’ECO-RESTRUCTURATIONS
Michel LETTE
Reconversion industrielle et réparation environnementale
La désindustrialisation a profondément marqué l’évolution des sensibilités patrimoniales. L’extension du domaine du patrimoine à l’industrie comme à la nature les a depuis mis en concurrence. Le patrimoine industriel et l’environnement sont-ils devenus inconciliables ? L’abus environnemental de l’industrie a-t-il disqualifié le désir de patrimoine industriel ? Avec les sites pollués responsables de graves problèmes de santé publique, la revendication de patrimoine industriel semble s’avérer inconcevable. Partant des cas de reconversion des sites de Corby en Angleterre et de Noyelles-Godault en France, cet article montre que la conciliation des contraires n’est pourtant pas impossible. Ici la reconversion s’est inscrite dans la logique d’une réparation environnementale et de la compensation. Les pollutions et leurs conséquences sanitaires ont dans ces deux cas abouti à minorer la revendication de patrimoine industriel au profit d’une survalorisation d’un environnement désormais restitué à la nature. Le désir de mémoire industrielle ne disparaît toutefois pas totalement dans ces opérations de reconversion verte. Elles invitent néanmoins à repenser le sens et le temps de l'histoire de l’industrialisation comme de l’environnement, à réconcilier deux récits, et enfin à constater qu’il reste encore au patrimoine industriel à négocier le tournant environnemental de la société industrielle.
Industrial reconversion and environmental repair
De-industrialisation has had a profound impact on the way our awareness of the heritage has evolved. The inclusion of industry within the domain of heritage, at the same time as the extension of this domain to include Nature, has brought the two into conflict. Are the industrial heritage and the environment irreconcilable? Has the abuse of the environment by industry somehow disqualified our desire for the recognition of the industrial heritage?The pollution of former industrial sites leading to serious problems of public health often seems to make it impossible to consider these places as heritage worth keeping. This contribution examines two cases in point, the first at Corby in England and the second at Noyelles-Godault in France, and suggests that the reconciliation of the two opposing tendencies is not necessarily impossible. In both cases the reconversion of the industrial site took place in contexts of repairing the environment and compensating the victims of industrial pollution. In both cases this pollution and its sanitary consequences have diminished the demand for recognition of the industrial heritage, preference being given to the new values associated with the environment, now restored to its 'natural' condition. But within these two green operations, the concern to conserve the industrial memory has not entirely disappeared. Both invite a new appraisal of the meanings and of the time-scale both of industrialisation and of environmental awareness, two versions of the past that need to be reconciled. Industrial heritage still has to face up to this environmental change in industrial society.
Lionel WALKER et Philippe PROST
La réaffectation en espace culturel de l’usine Leroy à Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine-et-Marne)
L’usine de papiers peints Leroy, venue de Paris en 1912, s’est installée en bord de Seine à Saint-Fargeau-Ponthierry, mais fut contrainte de fermer ses portes en 1982. La centrale électrique, édifiée par Paul Friesé, fut épargnée par les démolisseurs puis protégée au titre des monuments historiques.
La ville de Saint-Fargeau-Ponthierry, devenue propriétaire des lieux, a décidé de convertir la centrale en espace culturel et de rénover une machine à imprimer le papier peint en 26 couleurs qu’elle abritait toujours, alliant ainsi création culturel et mémoire d’un lieu.
The transformation of the Leroy wallpaper factory at Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine-et-marne) into a cultural centre
Originally founded in Paris, the Leroy wallpaper factory moved out to the suburbs in 1912, setting up on the banks of the river Seine at Saint-Fargeau-Ponthierry. The factory closed down in 1982. The electric power station of the factory, designed by the architect Paul Friesé, was given statutory protection and saved from demolition. The town of Saint-Fargeau-Ponthierry acquired the site and decided to transform the power station into a cultural centre. Inside the power station, a remarkable machine designed to print wallpaper in 26 different colours was also restored. The project thereby associates cultural creation and conservation of the memory of the place.
Nadia CAPUZZO-DERKOVIC
De la zone industrielle aux logements : projet de reconversion urbaine à Genève
Le Projet Praille-Acacias-Vernets (PAV) est un projet de reconversion urbaine d’un site industriel encore en activité et dont les enjeux dépassent ceux d’un simple projet d’urbanisation d’une des zones périphériques de la ville de Genève. Cet article veut dévoiler quelques unes des problématiques sociales qu’un tel projet soulève. Les spécificités du PAV et les particularités du site seront présentées avant d’aborder la notion de centralité, mise en avant dans les documents promotionnels édités par le Département des constructions et des technologies de l’Information (DCTI) du Canton de Genève, et son impact sur le processus d’appropriation de l’espace urbain dans le quartier. Au-delà de la politique de conservation de bâtiments témoignant du développement industriel genevois des années 1950 et 1960, il s’agira de questionner ce qui fait mémoire aujourd’hui et ce qui ancre territorialement l’identité: les pierres ou les usages du lieu? Dans ce contexte projectif, les pistes de réflexion soulevées dans cet article ne se basent donc pas sur des observations réalisées pendant ou après la réalisation d’un tel projet mais en amont.
From industrial estate to housing, urban reconversion in Geneva
The PAV project (projet Praille-Acacias-Vernets) in Geneva is a project for the urban reconversion of an industrial estate which is still in activity, and where the issues go beyond the simple urbanisation of one of the peripheral areas of the city. This contribution sets out to reveal some of the social issues to which the project has drawn attention. The specificities of the PAV industrial estate and the particular features of the site are first presented in order to approach the key notion of centrality, put forward by the promotional documents edited by the DCTI (Département des constructions et des technologies de l'information, department of construction and information technology) of the Canton of Geneva. This notion of centrality has an impact on the way urban space is appropriated within the neighbourhood. Beyond a policy for conserving buildings which bear witness to Geneva's industrial development during the 1950s and 1960s, the question is what constitutes the memory of the place today and what underlies its identity: buildings or usages? In this context, the lines of enquiry raised by our contribution emerge not during the project and its realisation or afterwards, but prior to its implementation.
Caroline POULIN
Lille Fives-Cail-Babcock, réinventer la ville dans les substances urbaines existantes
Lille Fives Cail Babcock a définitivement fermé ses portes en 2001, laissant à l’abandon une gigantesque emprise de 17 hectares entourée d’un tissu ouvrier dans un faubourg de la capitale du Nord.
Considérant que la démolition n’est pas le préalable à la réflexion sur des usage futurs, le parti pris a été celui d’une requalification douce et éco responsable quant à l’environnement. Les halles, devenant un quartier de la ville, abriteront notamment un lycée hôtelier, une piscine, une bourse du travail : le projet consiste à régénérer le site dans sa capacité à accueillir des activités humaines.
The Fives-Cail-Babcock factory at Lille, reinventing the city within its existing urban fabric
The Fives-Cail-Babcock factory closed in 2001, leaving a huge tract of territory, some 17 hectares in surface, surrounded by the working-class housing of this outer district of Lille in the north of France. With the conviction that demolition is not the right way to start thinking about future uses for a site, the decision has been taken to undertake a 'gentle' re-qualification of the site, inspired by ecological responsibility with regards to its environment. The factory buildings will make for a complete new neighbourhood, and will comprise a secondary school for training in hotel management, a swimming pool and a 'bourse du travail' (labour exchange). The project aims at regenerating the whole site and renewing its capacity to accommodate human activity.
Gracia DOREL FERRE
Les ingrédients de la réussite, le cas d’Alamadén, Castilla-la Mancha (Espagne)
Après la décision de fermer les mines de mercure d’Almadén, la compagnie d’exploitation en a décidé sa mise en valeur touristique. L’ensemble minier d’Almadén a reçu un traitement de grande qualité. Le site a été décontaminé, mis en valeur, muséifié en partie, restauré quand on le pouvait, de façon scrupuleuse. Il constitue un ensemble d’une richesse inouïe, avec des archives complètes sur 500 ans et des éléments du site industriel et de la ville minière préservés depuis le XVI siècle.
Est-ce suffisant pour attirer le visiteur ? La question de l’accès est posée, qui semble ici dissuasive ; la question de l’image ne peut être écartée : Almadén a fait partie d’un circuit particulièrement odieux sur le plan humain (recours aux esclaves, aux forçats, nocivité du produit et de son utilisation pour extraire l’argent…) ; enfin, la réussite d’une réhabilitation passe, nécessairement, par un sérieux engagement des collectivités territoriales et de la société civile.
Plus que dans les autres grands sites miniers espagnols (Rio Tinto, Vilanueva del Arzobispo, Linares, ou encore Riopar) la mise en valeur est réussie. La reconnaissance tarde pourtant à venir, tant de la part du public que de l’UNESCO.
The ingredients of success, the case of Alamadén, Castilla-la Mancha (Spain)
After the closure of the mercury mines at Alamadén, the company which exploited the site took the decision to convert it into a tourist attraction. The treatment of the whole site is characterised by considerable attention to quality. With scrupulous care, it has been decontaminated, interpreted, partly transformed into a museum and restored when and where necessary. It represents an ensemble of unprecedented interest, an industrial site with its attendant townscape that has been in existence since the sixteenth century and which has conserved 500 years of complete archival documentation. But will this suffice to attract visitors? The question of the site's accessibility is by no means a secondary one. Then there is the question of its image, which combines numerous negative aspects: the use of slave-labour, the exploitation of prisoners, a particularly poisonous product used to extract silver... The success of the recent rehabilitation will necessarily require serious engagement on the part of the local authorities and civil society. For several other mining sites in Spain (Rio Tinto, Vilanueva del Arzobispo, Linares, Riopar), the interpretation of the heritage is a success. But recognition is slow to come, both within the general public and on the part of UNESCO.
Karen BOWIE
L’opération Clichy-Batignolles à Paris : quelle place pour le patrimoine industriel et ferroviaire ?
L’opération urbaine actuellement en cours de réalisation sur l’ancien site de la gare des Batignolles à Paris est particulièrement ambitieuse et complexe. Mais elle n’est que la dernière d’une longue série qui a commencé dans les années 1960, touchant d’abord les anciens ateliers et remises avant de concerner plus récemment les halles de la gare des marchandises. Les destructions physiques y ont ainsi déjà été très importantes même si nous disposons d’une documentation riche concernant ce site historique, décrit de manière saisissante dans La Bête Humaine de Zola (1890) et représenté dans le film éponyme tourné sur site par Jean Renoir (1938). Si du patrimoine bâti il ne reste désormais que peu de choses, quels autres éléments, techniques ou paysagers, serait-il encore possible de donner à voir et à interpréter ? Surtout, on est amené à se demander si dans ces conditions une approche patrimoniale plus globale, davantage tournée vers la connaissance et l’interprétation des sites historiques dans leur ensemble, ne seraient pas plus aptes à contribuer à la qualité culturelle de ce type de projet que la mise en exergue de quelques objets isolés telle que l’on peut l’observer aujourd’hui dans le cadre l’opération « Clichy-Batignolles ».
The « Clichy-Batignolles » redevelopment project in Paris: what role for the industrial and railway heritage of the site?
The urban development project currently underway on the site of the old Batignolles station in Paris is particularly complex and ambitious. But it is in fact only the most recent in a long series that began in the 1960s and that involved progressive demolition of the locomotive and carriage works and sheds before the more recent disappearance of the goods station. The destruction of railway buildings here has thus already been massive, even if there is no shortage of documentation about this historic site, described in detail in Zola’s masterpiece La Bête Humaine of 1890 and featured in the 1938 film of the same title filmed on site by Jean Renoir. If extremely little is left now of the original buildings, what other aspects of the railway heritage here might it still be possible to preserve and showcase? Above all, we wonder if under these circumstances, rather than the showcasing of a few dispersed preserved fragments that we find today at « Clichy-Batignolles », a broader heritage approach, taking into account the history of the site as a whole, might not be more likely to enhance the quality and cultural impact of this imposing redevelopment project.
Nadine HALITIM-DUBOIS
Contrainte ou atout ? Le port Rambaud dans le projet d’éco-quartier Lyon Confluence
L’article présenté traite du patrimoine industriel dans l'éco-construction urbaine où est analysé l’exemple du port Rambaud comme modèle inclus dans le projet d'éco-quartier de Lyon-Confluence.
L’ambition de réinvestir les 150 hectares situés au-delà de la gare de Perrache jusqu’à la confluence du Rhône et de la Saône a donné naissance à l’un des grands projets urbains européens : la Confluence. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet des Docks du quai Rambaud : 8 hectares jadis dédiés à la fonction de port fluvial, où le patrimoine immobilier et foncier est géré aujourd’hui par VNF.
S’écartant d’un projet idéal «promenade des Lyonnais» voulu par Perrache, la ville de Lyon va dédier ce quartier à l’industrie, proposant de vastes emprises à l’essor industriel du XIXe siècle, avec des infrastructures importantes telles que les voies ferrées et les gares dans un premier temps, puis l’autoroute et le centre d’échange dans un second temps.
Le projet de la Confluence constitue un retour à un projet urbain idéalisé : espace de références HQE, qualité paysagère. Composer un tissu urbain de centre-ville contemporain, attractif, en ouvrant celui-ci sur un grand système d’espaces d’agréments, de loisirs, avec des promenades sur les quais qui ouvrent cet espace à une nouvelle catégorie sociale. Les différentes étapes du projet dont celles du port Rambaud, vont évoluer et s’adapter aux conjonctures pour favoriser et enclencher sa réalisation en jouant sur les atouts et les inconvénients de cet ancien quartier industriel.
Obstacle or asset? The port Rambaud in the new eco-quarter at Lyon Confluence
This contribution is an analysis of the place of the industrial heritage in urban eco-construction, the Rambaud river port situated within the projected eco-quarter at Lyon Confluence. The site overall comprises some 150 hectares between Lyon's Perrache railway station and the point where the river Saône meets up with the Rhone. The project entitled Confluence is one of Europe's major urban development initiatives. The quai Rambaud docks, covering some 8 hectares, are part of this project. It is a former river port where the buildings and quays are managed today by Voies Navigables de France, a public corporation responsible for France's inland waterways. This neighbourhood was intended by its first developer, Antoine-Michel Perrache, as a place of promenade for the inhabitants of Lyon. But in the end the city preferred to give the whole area over to industrial use, offering vast tracts of land for nineteenth-century industrial enterprise with space-consuming infrastructures such as railways and goods stations, subsequently motorways and transportation interchange centres. The Confluence project represents a return to the original urban ideal, characterised by high environmental quality and landscaped features. It will be a new, attractive city-centre space, open to leisure activities and with promenades along the riverside open to all. The different stages of the project, including port Rambaud, will evolve and adapt to circumstances, trying to make the best of the assets and drawbacks of this former industrial neighbourhood.
Raphaël ALESSANDRI
Protection du patrimoine et développement durable, les cites minières du Nord-Pas-de-Calais
Le Bassin Minier est un territoire de contrastes. Il a été pendant longtemps l’exemple d’un développement non-durable. Ce territoire a été perçu avant tout comme une matière première à exploiter, coûte que coûte. L’arrêt de l’activité charbonnière l’avait laissé meurtri physiquement, économiquement et socialement. Cependant, cet acharnement à produire a également engendré outre les innovations dans les domaines scientifique, technique, médicale et sociale, un paysage culturel spécifique, un patrimoine bâti de qualité, un habitat innovant, riche d’enseignements. Aujourd’hui, alors même que les territoires se recomposent, que le marché du logement devient de plus en plus tendu, que la situation sociale peine à s’améliorer, les logements miniers - plus de 70 000 - s’imposent comme véritable levier de développement pour l’avenir et une opportunité pourtransformer l’héritage de la mine en atout pour les générations futures. Cette ambition s’incarne aujourd’hui dans le projet d’inscription du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais sur la liste du patrimoine mondiale. Cet article montre la façon dont cette ambition prend forme dans le plan de gestion des cités minières, ainsi que des premiers résultats concrets encourageants.
Heritage protection and sustainable development, the miners' housing of the Nord-Pas-de-Calais coalfield
The coalfield of the Nord-Pas-de-Calais region is a land of contrasts. For a long time it was a prime example of non-sustainable development. The territory was seen above all as a sort of raw material to be exploited at whatever cost. The end of coal-mining in the region, in 1990, left a territory that had taken a heavy physical, economic and social battering. Nonetheless, the history of coal production also has its share of innovations in various scientific, technical, medical and social fields. It bequeaths a specific cultural landscape and a built heritage of considerable quality, with innovatory types of housing. Today these territories are witnessing a process of re-composition. The housing market is becoming more and more difficult. The social situation is slow to improve. In this context, miners' housing, more than 70,000 units all together, emerges as a real lever for future development and an opportunity to transform the coal-mining heritage into an asset for future generations. This is the ambition that is at the origins of the project to have the Nord-Pas-de-Calais coalfield included on UNESCO's list of world heritage. The present contribution shows how the management of the mine housing estates contributes to that ambition, and illustrates some of the first encouraging results.
LE SENS DES LIEUX DANS LES PRATIQUES DE RECONVERSION
Margaret MANALE
De l’identité ouvrière au marketing urbain, le patrimoine industriel de l’ex-RDA
Spindlersfeld et Die Spinnerei (la filature) sont les noms de complexes industriels aujourd’hui désaffectés, construits à la fin du XIXe siècle à la périphérie des villes de Berlin et de Leipzig. C’est ce bâti industriel vétuste des régions de l'ex-RDA qui a fourni aux dirigeants de la nouvelle République de Berlin un patrimoine national d’une valeur insoupçonnée, car pendant une trentaine d’années, la présence du Mur a mis un frein aux politiques modernisatrices qui transformaient les modes de production dans toutes les régions du monde. Aujourd’hui, ils offrent un champ d’étude unique pour comprendre ce qui signifie une mise en valeur marchande du patrimoine. Le discours sur la culture architecturale et sur son intérêt touristique cache le plus souvent la réalité d’une spéculation immobilière partout à l’œuvre, et d’autant plus dévastatrice qu’elle est encouragée par une législation régionale souple en matière du « patrimoine ». Les référents de ces biens culturels passent alors du local au global – un message adressé aux acquéreurs potentiels pour lesquels un « monument historique » est en premier lieu une façade décorative et fiscalement avantageuse. Cette « patrimonialisation » permet non seulement de présenter sous l’angle voulu l’histoire allemande, mais encore de raconter ce passé comme si tout en elle préparait en secret et depuis des temps immémoriaux l’entrée dans l’Europe.
From working-class Identity to city marketing, the industrial heritage of the former East German Republic.
Spindlersfeld and the Spinnerei (Cotton Mill) are the names of now disused industrial complexes built in the late nineteenth century at the outskirts of the cities of Berlin and Leipzig. They are representative of the dilapidated industrial buildings found in the regions of the former German Democratic Republic that have provided the political authorities of the new 'Republic of Berlin' with a national heritage of inestimable value. The presence of the Berlin wall had slowed down the course of modernisation that has transformed modes of production worldwide. Today, these sites offer a unique field of study to understand what is meant by the commercial exploitation of cultural heritage. Rhetoric about architectural culture and its role in stimulating tourism frequently masks the realities of ubiquitous speculative real-estate investment which is all the more devastating as it is encouraged in Germany by lax regional legislation on historic objects. These goods loose their local cultural references in favour of global signifiers—messages addressed to potential buyers for whom a 'historic monument' is above all a decorative and fiscally interesting façade. 'Patrimonialisation', the process of recognising heritage, thus makes it possible not only to present German history from the desired viewpoint, but also to relate this past as if everything in it had constantly prepared in secret the coming of Europe since time immemorial.
Jean-Louis LOUBET et Alain P. MICHEL
Construire un lieu de mémoires sous la pression immobilière : le cas de Renault-Billancourt
Le 31 mars 1992, le dernier véhicule Renault sort des chaînes de l’Ile Seguin. Quels qu’ont été les motifs de cette fermeture, il faut plus de vingt ans pour élaborer la politique de reconversion d’un site marquant de l’histoire industrielle. Comme si ce temps était nécessaire à l’apaisement des esprits.
Immédiatement, la dimension patrimoniale du lieu est concurrencée – sinon dépassée – par la valeur foncière et urbanistique de ces plus de 100 hectares libérés aux portes de la capitale. Autour de cet espace se mêlent des enjeux nationaux, régionaux et locaux, se confrontent des volontés publiques et des intérêts privés. Les études se succèdent, ponctuées de coups d’éclats, de choix ambitieux, de plans prestigieux, de décisions tranchées et d’abandons répétées en attente d’un schéma définitif.
Aujourd’hui, la reconversion aboutit à faire table rase du patrimoine industriel, à l’exception d’une poignée de vestiges. Or c’est dans ce contexte post industriel que se concrétise une demande combinée de la ville de Boulogne-Billancourt et de Renault SA pour construire un « pavillon des mémoires ». Sollicités en tant qu’experts dans ce programme de valorisation rétrospectif, nous analysons ici les enjeux, puis nous questionnons le sens de la reconversion entreprise à Billancourt et les finalités de la politique urbaine qui la sous-tend.
Creating a place of memory under real estate pressure, the case of Renault at Billancourt
On 31 march 1992, the last Renault vehicle left the assembly line at the Renault plant on the île Seguin at Boulogne-Billancourt. Whatever the motives for the closure of the site may have been, it subsequently took more than twenty years to elaborate a policy for the reconversion of the site, which played a prominent role in France's industrial history. But the heritage values of the site come into immediate conflict with its real estate values: about 100 hectares of land advantageously situated at the very gates of Paris in the wealthy suburbs to the west. The site focuses national, regional and local issues and sets public policies against private interests. Study has followed study, punctuated by outbursts in the press, ambitious choices, prestigious plans, decisions made and then abandoned and still awaiting a definitive scheme. This process has resulted today in the almost complete disappearance of the built heritage on the site. The île Seguin is a 'tabula rasa'. This is the context in which a joint demand was made by the city of Boulogne-Billancourt and the Renault firm for the construction of a 'pavilion of memory' on the island. The authors of this contribution were invited as experts to participate in the programme for this memory centre. They analyse here what was at stake and question the overall significance of the reconversion of the Renault site and the finalities of the planning policies which underlie it.
Jean-Pierre HOUSSEL
La reconversion économique des Teintureries de la Turdine à Tarare (Rhône) au cœur d’une controverse municipale
Il faut attendre la désindustrialisation du début du siècle nouveau, au terme d’un long déclin de la mono-activité de « la sainte mousseline », persistante à partir d’une situation de monopole de 1786 à 1866, pour que la réutilisation des bâtiments industriels soit envisagée. L’attention se porte sur un bel établissement d’ennoblissement à l’entrée de la route de Lyon dans la ville, quand la fabrication est transférée en 2006 en zone industrielle.
La municipalité modérée en place presque que constamment depuis la Libération, confiante en la poursuite de la tertiarisation favorisée par l’arrivée prochaine de l’autoroute, commence les travaux pour y installer le pôle culturel autour du théâtre qui y est transféré. Ce n’est pas l’avis du jeune homme politique cultivé, qui prend la tête de la liste socialiste qui l’emporte en 2008 de quelques voix. Sensible aux difficultés des vieilles cités textiles avec le faible niveau de revenu et le poids du chômage, il s’engage dans un urbanisme nouveau, appuyé sur une réindustrialisation fidèle à la mémoire textile. La reconversion économique de la friche aura une portée symbolique si elle peut être réalisée. Or à côté des bureaux qui abritent des services locaux, une brasserie artisanale occupe l’aile ouest, car l’eau d’une grande pureté de la rivière, indispensable au traitement des tissus fins, convient tout autant à la production de la bière.
The economic reconversion of the Turdine dye-works at Tarare (Rhône), at the heart of a municipal controversy
In Tarare, in the Rhône department, industrial history is marked by a single textile product, 'holy' muslin. From 1786 to 1866 the city had a practical monopoly in its manufacture. Throughout the twentieth century, the activity went into a slow decline, but it was not until the beginning of the twenty-first century that the town began to envisage the re-use of its abandoned mills. Attention was brought to bear on a splendid factory at the entrance to the town, on the road from Lyon, a factory specialised in finishing processes, activity transferred to a new industrial zone in 2006. The moderate right municipality which had been running the town practically since the Liberation was confident in the processes of tertiarisation of the town, the arrival of office activities encouraged by the imminent connection to the motorway network. This municipality therefore decided to open up the old factory as a cultural centre and work was commenced and a theatre installed. But in 2008 a new municipal team was elected, headed by a young socialist who was particularly sensitive to the difficulties of old textile centres with their high rates of unemployment and low levels of income. His project is for a different kind of urban renewal based on re-industrialisation faithful to the town’s traditions in textile production. The economic reconversion of the factory will have great symbolic impact if it works. For the time being, the building is occupied by offices of the local municipal services, whilst a micro-brewery has set up in the west wing. The purity of the water, which was essential to the muslin industry, is also highly suited to the brewing of beer.
Gemma DOMENECH-CASADEVALL
La réhabilitation des abattoirs publics en Catalogne
Les abattoirs constituent un bon exemple d’un type d’architecture dont la valeur utilitaire peut arriver à annuler la valeur patrimoniale. Par suite, lorsque l’usage en est perdu, souvent au profit de la modernité et du progrès pour lesquels ils avaient également été créés, ils perdent aussi toute valeur susceptible d’en recommander le soin et la réhabilitation. Dans la province de Gérone, seuls 12 % des bâtiments historiques restent en service. Sur le nombre restant, 25 % ont été démolis, autant demeurent sur pied mais à l’abandon et seuls 38 % ont été restaurés ou sont en cours de réhabilitation et ont trouvé une nouvelle utilité. Ces données sont le fruit du recensement effectué dans la province de Gérone, mais, à notre avis, elles peuvent être étendues au reste du pays.
Au-delà des réflexions autour de la nécessité de hisser l’architecture industrielle au rang d’élément du patrimoine, notre travail analyse les usages qui sont donnés aux abattoirs réhabilités et, surtout, constate la disparition totale de la mémoire historique de l’édifice. Sauver le bâtiment de la démolition implique de lui trouver un nouvel usage. Mais, pourquoi le nouvel usage serait-il incompatible avec la mémoire de l’usage originel ? Peut-être le moment est-il venu d’entamer une réflexion autour de la patrimonialisation.
The rehabilitation of public slaughterhouses in Catalonia
Slaughterhouses offer an interesting example of a type of architecture in which values of use can outweigh heritage values. Consequently, when these places lose their original use, victims of the same ideals of modernity and progress which marked their creation, they also lose the values that are likely to assure their good upkeep or rehabilitation. In the province of Gerone, for example, only 12% of the historic slaughterhouse buildings are still in use. Out of the remaining sites, 25% have been demolished, about the same proportion are still standing but in a state of abandonment, whilst 38% have been restored or are in a process of rehabilitation and have found a new usefulness. These are the results of an inventory carried out in the province of Gerone, but the results are probably comparable to those that might be found elsewhere in the country. Our contribution concerns the urgent importance of considering industrial architecture as an authentic part of the heritage. Beyond this observation, our analysis of the new uses which have been found for these slaughterhouses reaches the conclusion that, at the same time, the historic memory of the buildings has completely disappeared. Saving a building from demolition means finding a new use for it, but why should this new use be incompatible with the memory of the original use? The time is ripe for some further thinking about the processes which turn places into heritage.
Marie Noëlle POLINO
Reconversion ou réutilisation ? Le cas des gares de chemin de fer en France
La question et l’étude de la reconversion d’une catégorie de bâtiments définie par leur fonction posent un certain nombre de problèmes de méthode. En prenant pour point de départ un corpus construit empiriquement à partir des ressources à notre disposition, cet article montre comment le sort des gares de chemin de fer de voyageurs, dans un pays ou la longueur totale du réseau a été divisée par quatre depuis 1930 et où environ 8 % des gares construites sont encore en exploitation, a dépendu davantage de leur identité locale que de toute autre considération. Tandis que les gares urbaines assument une fonction continue d’équipement public quand elles n’ont pas été effacées du tissu urbain avec leurs emprises techniques, les gares rurales ont puisé dans leur insertion dans le lieu dont elles portent le nom la ressource d’une conversion, souvent en habitation, qui doit beaucoup à leur type, tandis que disparaissait la trace des réseaux. En revanche, les équipements industriels ferroviaires et gares de marchandises, inclus dans de larges emprises, sont davantage assimilés, dans les processus de renouvellement urbain, au patrimoine de la production industrielle.
Reconversion or re-use? The case of French railway stations
The re-use of functional buildings, as a topic of study, poses several preliminary questions. The first is the method that should be applied to a category which is essentially defined by the use for which the original building was designed. Our starting point is a corpus of railway stations based, empirically, on the different sources available. It should be understood here that the total length of the French railway network has been reduced by about 75% since the 1930s and only a small proportion, around 8%, of the stations built are still in use. Our first conclusion is the fact that the survival of stations is related first and foremost to their location and to the way they are perceived locally. Whereas mainline stations in cities can either be affirmed in their original public function, or, on the contrary, be entirely erased from the urban form along with with their attendant railway yards, countryside railway stations were better inserted into their environment and more easy to re-use when the railway function disappeared. Most of these countryside railway stations have become private houses, which is not too surprising, considering that their original construction was often inspired by local housing types. On the contrary, railway yards, depots, technical equipment and goods stations, often inserted in larger industrial zones, are best understood as industrial heritage and generally share the fate of this type of heritage in processes of urban renovation.
Jean-Bernard CREMNITZER et Robert SCHLUMBERGER
Le Master DRAQ, diagnostic et réhabilitation des architectures du quotidien - ENSA Normandie
Ce Master spécialisé est assuré par l’ENSA Normandie (École nationale supérieure d’architecture de Normandie) en partenariat avec l’Université du Havre, et est ouvert aux étudiants de niveau minimum Bac+4 et aux architectes et ingénieurs diplômés. Il porte sur les sites et édifices relevant des grandes typologies architecturales produites en particulier dans la période 1850-1950, avec notamment le patrimoine industriel des vallées de la région rouennaise, lieu privilégié d’implantation des usines textiles. Le Master a également pour objet l’insertion professionnelle des étudiants dans les métiers de la maîtrise d’œuvre (architecture, bureaux d’études) ainsi que dans ceux de la maîtrise d’ouvrage. L'enseignement affirme l'importance d'une démarche de projet de conception sur laquelle se greffent les différentes disciplines (histoire, techniques, etc..).
Il traite de différentes problématiques : notion de créativité architecturale dans le projet de réhabilitation, insertion urbaine, approche scientifique du relevé des édifices, connaissance des techniques de construction anciennes, définition d’un programme fonctionnel adapté à la forme architecturale existante.
A masters degree in the diagnostic and rehabilitation of daily architecture (Normandy school of architecture)
This specialist degree is offered by the École nationale supérieure d’architecture de Normandie, the Normandy school of architecture, in collaboration with the University of Le Havre. The masters degree course is open to students with a minimum of four years training after the baccalaureate and also to trained engineers and architects. The course pays particular attention to sites and buildings belonging to the major building types of the period 1850 to 1950, including of course the industrial heritage. The valleys of the Rouen region are rich in this type of heritage and in particular in buildings related to the textile industries. The aim of the training programme is to equip the students professionally for work in the field of building, either as architects or in consultancy firms. The teaching insists on the importance of design projects, associated with other disciplines such as history, technical studies and so on. Different issues are tackled such as the notion of architectural creation within a rehabilitation project, the question of urban insertion, the scientific approach to the analysis of a building, understanding old construction techniques and the definition of a functional architectural brief adapted to the existing architectural forms.